Cela faisait pas mal de temps que, pour des questions personnelles mais aussi des conditions méteo, je n’avait pas pechée la rivière de mon enfance. À chaque semaine qui s’ecoulait, avec du beau temps, les vendredis nous apportaient de la pluie, ce qui avait pour effet de ruiner un week-end de pêche sur cette rivière. Les rives de ma belle sont encore de très bons terrains agricoles, donc avec de la terre douce, souple, ce qui fait que, dés qu’il pleut, de la terre traine vers la rivière, la rendant impossible pour la PALM. Je commençais à desésperer… En outre, avec un Winston Boron iiix toute neuve à essayer, cela commençait à en faire trop! Cependant, depuis une semaine pas de pluie, ni même le week-end. Samedi matin je prends ma Phoenix DT4, je la mets dans mon Danielsson Dry Fly, et hop, le cofre de la voiture est plein de matos pour une aprés-midi de bonheur! Cinq minutes en voiture suffisent pour me mettre sur les rives de ma belle. Tranquile, l’excitation de la rencontre ne me mets pas fébrile. Je renfle mes poumons d’un air si caracteristique. Les vegetations environantes ont bien poussé. Le son de l’eau qui coule à une vingtaine de mètres de ma voiture sonne mieux qu’une quelconque symphonie classique. Montage de la canne. Qu’elle est belle! Une très bonne prise en main, un equilibre excelent avec la Dry Fly. Je suis aux anges. Malgré le manque d’éclosions, je me dits que c’est en séche que je vais pêcher. Une de mes favorites trouve place en pointe de mon 14/100. Sur des lancers courts (jusqu’à 5 mètres de soie dehors), la canne s’exprime bien. Je ne suis pas habitué à ce genre de canne, mais j’apprends vite. Il est encore trop tôt, il fait chaud, le soleil tape sur l’eau, dés qu’on approche, on voit les petites de 15 cm qui s’enfuient dans un éclair envoutant. je la connais ma rivière. Faut pas chercher ici. Je pars en aval, environ 1 km. « LE SPOT » m’attend. Si ici je ne prends pas une truite, c’est que quelque chose se passe. Et oui, pendant le traject je la vois, la cause. Une toute jeune loutre, à peine plus grande qu’un chat adulte, qui grignote un poisson. Je n’ai même pas le temps de prendre l’appareil photo ou de voir si elle mangeait une truite ou un poisson blanc. Qu’importe, je me rends compte que les poissons sont en allerte maximum. Arrivé sur « LE SPOT », pas d’eclosions, pas de gobages. Je mets une Elk Hair Caddis, histoire de scruter la surface. Je suis toujours retors pour mettre une nymphe. Ici les lancers sont moyens, entre 8 à 10 mètres de soie dehors. J’oublie la derive de ma mouche tant que lancer avec cette canne est plaisant. Je la trouve encore mieux que sur les lancers plus courts. Le profil de la soie y est sans doute aussi pour quelque chose. Oublié la mouche, ce qui devrait arriver arrive. Une truite qui monte franchement sur ma mouche, je ferre trop tard, et je casse le spot… Il est maintenant environ 5 heures. Decidemment, les truites ne veulent pas faire les honneurs de ma Winston. Je remonte vers ma voiture, toujours sur les bords de la rivière. Je vois les petites qui s’enfuient, les plus grosses sont cachées. Je decide changer de stratégie. Avant de rentrer (je devrais être assez tôt à la maison) je mets un Goddard Sedge (ham 14) au bout de mon 14 et, à la courbure de celui-ci, je mets environ 40 cm de 12, avec au bout une petite pheasant tail taille 16 (abdomen lièvre) legère, car ici la rivière a une moyenne de 20 à 30 cm d’eau. Premier passage, une truitelle d’une dizaine de centimètres attaque mon sedge mais sa petite bouche me vaut un ferrage raté. Pas grave. Au passage suivant, mon sedge s’arrête. Je ferre. Le poisson est au bout de la ligne, Je m’apperçois vite que ce n’est pas la petite truite. Le dos trop sombre me dit aussi que ce n’est même pas une truite, mais sa taille me laisse perplexe. Ici, à part les truites et autre petits poissons blancs, on a des poissons blancs appelés Panjorca (chondrostoma arcasii), espèce endémique du nord du Portugal et du nord d’Espagne. Sa taille adulte est de 20 cm. Mais depuis mon enfance je savais, pour en avoir pris plusieurs, que certains individus atteignent des tailles exceptionelles avoisionant les 30 cm. Je n’en crois pas mes yeux quand je me rends compte que, plus de vingt ans aprés, ma belle abrite encore quelques uns de ces exemplaires exceptionels. Je sais aussi que c’est leur époque de reproduction, donc je redouble de precautions. Un combat assez court, le temps de prendre deux photos et je le remets à l’eau. C’est une très belle femelle, pleine d’oeufs, qui fait environ 28 cm. Ce n’est pas une truite, mais quel respect que ce poisson me suscite, en outre il a fait les honneurs de ma Winston et il affiche une coloration superbe! Un autre lancer, et un exemplaire de 20 cm me gratifie comme deuxiéme prise. Je suis satisfait. Il est temps de rentrer!! Une belle après-midi, auprès de ma belle!! P.S. – ici au Portugal, la legislation en vigueur fait que, dans les cours d’eau de première catégorie on ne peut pêcher que pendant la saison de la pêche à la truite (période normale qui va du 1 mars au 31 juillet). En dehors de cette période (sauf exceptions sur certains cours d’eau) toute pêche est interdite. Ceci fait que, pendant la saison de la truite, les poissons blancs ne sont pas du toute protégés et peuvent être pêchés. Je ne les cherche pas, mais des fois on en prend, comme ce fut le cas. Malheureusement, certains « pêcheurs » viandards, profitent de cette période pour faire des vraies hécatombes sur les populations de poissons blancs. On a encore du chemin à parcourir…