Hier après-midi, des températures d’un début de printemps ainsi qu’un ciel majoritairement gris n’étaient pas favorable à l’activité des rivières tarnaises. Pour varier les plaisirs, je décide d’aller voir le Gijou, généralement très tardif, où les truites ne se décident à gober uniquement lorsque les insectes passent à profusion à leur portée. Arrivé sur le pont qui me sert de repère, le niveau est encore (trop) haut et aucune truite ne se montre. Je vais donc remonter vers une portion où les longs lisses sont plus favorables. D’énormes mouches de mai sortent ça et là et se laissent glisser sur l’eau avant de s’élever vers les frondaisons mais rien ne vient les déranger. Il faut donc pêcher l’eau, avec acharnement, passer une, deux, dix fois sur une bordure pour qu’enfin la mouche disparaisse, soudainement absorbée dans une vague furtive. 6 Truites de 15 à 25 cm se laissent prendre, avant que j’atteigne la fin de mon parcours, une chaussée, où la chute est large et profonde. Sur un bord, les racines d’un gros aulne baignent et de nombreux moucherons volent dur les remous. Une légère onde attire mon attention sans aucune certitude sur son origine. Je commence à prospecter le pied de l’arbre, difficile de voir la mouche, par deux fois la truite monte mais deux ratés… La mouche humide refuse de rester sur l’eau, je la change pour mettre plus de chevreuil, et je tente sous le vol de moucherons. Bonne visibilité de la mouche qui disparait dans un léger remous, je ferre, c’est lourd. Après quelques secondes sur place, un départ violent vers les racines me surprend, je la retiens, puis direction la base du mur de la chute… Heureusement, tout se passe bien et après quelque minutes de lutte, elle, ou plutôt il se rend. un très beau mâle de 41cm fin et puissant, gris magnifique. Il faut rentrer, comblé encore une fois. Oui, le Gijou se réveille enfin.