Jour de pluie hier sur la basse Dordogne. Petite descente à l’arrache, entre deux rendez-vous de la vie d’homme moderne. Juste le temps de se donner envie de pêcher en ce mois de mai qu’il faut déjà s’arrêter. La rivière commence à gonfler du fait des pluies de la veille. Elle est juste teintée comme il faut pour le stream. Les truites sont là, agressives mais pas aussi grosses qu’espéré. Comme par habitude, les mouvements de cette pêche à apprendre sont désormais comme plus faciles et le point à atteindre, situé à l’infini, semble de jour en jour plus proche. Le fait marquant est cette vie qui grouille désormais alors que la semaine passée, la rivière semblait morte. Une orgie de vie dont les éphémères jaunes sont les victimes. Des centaines de martinets et d’hirondelles sont venus profiter de l’aubaine. Petits poussins chahutés par les eaux, les sulphures sont immanquablement happées par les oiseaux gracieux dès leur envol. Les poissons ne sont pas en reste. Plus bas, au détour d’un virage une bubulle line se forme sur près d’un kilomètres. Dans ce couloir qui rassemble les mouches, ce ne sont que des gerbes d’eau, des ronds discrets et des dos. Les blancs sont désormais réveillés. Certains, le ventre rond de promesses futures livrent de superbes combats avant de regagner l’onde. Mais faute de temps pour passer en sèche, je ne ferai que regarder le spectacle en passant sur mon bateau vert. Il pleuvra toute la nuit, faisant monter l’eau hors du raisonnable pour pêcher. Que la rivière en profite. L’été peut être long et sec. En tout cas, pour quelques jours encore, la basse Dordogne sera parée de jaune et de blancs.