C’était la journée.

24 novembre 2011

46 - Lot

Dordogne

Sussu

Ce matin, au levé, en voyant la ville enveloppée de brouillard, les radiateurs s’allumant pour la première fois, je me dis, là, c’est la journée qui sent bon la pêche. Je la sens bien cette journée. Vite, un petit-dej, une douche vite fait, préparation d’un bocadillo con tamato, aceite de oliva, Serrano y queso, une bouteille d’eau, le sac de pêche et en voiture Simone ! Spot que je découvre pour la première fois, du moins pour la pêche. Un poisson attablé. Je saute à pieds joints dans le wader tout en enfilant le chest-pack, si si c’est vrai ;o), monte la canne, noue un cdc et premier posé. Deuxième dérive. Troisième dérive et pendu. Ça sonde, je sens les coups de tête, je ramène sur deux mètres et décroché sans savoir ce dont j’avais à faire. Une trentaine de mètre plus bas deux poissons se manifestent. Faut dire que je vois les éphémères sortir et se faire aspirer. Après quelques dérives, poissons vus, poissons pris mais même bilan que le premier. Là, ça commence à faire un peu trop surtout que je ne supporte pas de décrocher un poisson sans avoir pu voir ce que c’est. A la défense, il semblerait que ce soit des ombres mais je n’en ai pas la preuve. Puis plus rien. J’attends. Quand soudain face à moi à une douzaine de mètres, un dos orné d’un étendard que je connais bien perce la surface. Et quel dos… Le genre de dos qui vous laisse hébété, ne sachant plus si vous avez mal vu, si votre imagination vous joue des tours ou si c’est dû à un effet d’optique. Bref, l’étendard qui sent le lourd. Je passe une première fois, une deuxième fois, un peu plus loin alors, encore une fois dans cette veine, j’insiste deux fois de plus mais rien. Je change de mouche et recommence mon manège mais toujours rien. Pas le moindre petit remous qui pourrait trahir un refus. Rien de rien avec un autre modèle et en plus il n’y a plus une mouche sur l’eau. Je dois m’avouer vaincu. Je sors de l’eau pour aller prospecter plus haut. Je ne verrai qu’un très beau spot qui sent vraiment bon et à exploiter en mars pour d’autres conquêtes. Je décide d’aller fouiner à une dizaine de kilomètres plus bas où l’ami Didier m’avait dit avoir touché par inadvertance un bel ombre fin mars en traquant dame fario sur les MB. Le radier est superbe et seul un poisson gobe à trois reprises mais il est trop loin pour avoir des chances de l’atteindre. Je vais donc observer ce qui est à ma portée. Il n’y a pas de mouches en surface. L’après-midi est bien entamée et d’ici une heure et demie la pénombre sera suffisante pour rejoindre la voiture. Un gobage ! J’attaque et premier passage, pendu. La défense est lourde mais là aussi elle ne va pas durer et je ne verrais pas encore le poisson. ‘tin, j’ai cassé ! Je vérifie. Non, ma mouche est toujours au bout de ma pointe. Les nerfs commencent à me gagner. Je vérifie le piquant. Rien d’anormal. Un autre gobage !! Présentation première, action !… Rien. Présentation deuxième, action !… Montée et ferrage dans le vide… Cool, zen, happy face, inspirations par le nez et expirations par la bouche… Changement de mouche. Présentation troisième, action !… Penduuu !!!… Et, et, et, et décroché… :o(( Je scrute autour de moi voir si un chasseur passerait dans le coin pour lui demander de me prêter son douze quand le téléphone sonne. C’est l’ami Didier qui vient aux nouvelles. Il n’a pas pu se libérer pour m’accompagner et il n’en peu plus d’attendre pour savoir comment ma sortie s’est passée. Je lui raconte donc mes malheurs quand je détecte un rond à une quarantaine de mètres en dessous de moi. Il coupe court à la conversation pour me laisser essayer de conjurer le mauvais sort qui est sur moi. J’attends de voir si ce poisson veut bien remonter pour bien le situer mais il ne se manifeste pas, par contre un beau rond se forme face à moi. Je m’avance au maxi, l’eau au niveau des côtes. Je passe ma mouche une première fois sans réussite. Deuxième passage et c’est encore un ferrage dans le vide… La fin de saison, il n’y a que ça de bon pour la tension nerveuse… Allez, on se motive ! Mon imitation de la dernière chance quand rien ne va est extraite de la fente puis nouée, lancée, déposée dans la veine porteuse lorsque soudain un nez perce la surface et une bouche engloutit celle-ci. Je ferre et s’est accroché. C’est lourd mais j’assure, je ne veux pas le perdre, je veux voir ce que c’est. Il descend, je le bride et le déstabilise pour lui faire quitter la veine. Il vient, je l’aperçois, il se contorsionne, il prend appui sur le courant avec son étendard, j’arrive à lui imposer de monter au dessus de moi, c’est fait, j’attrape mon épuisette, je le force à redescendre et l’intercepte dans son élan. Je l’ai !!!! Beau pépère apparemment. Je rejoins la rive pour mieux l’admirer en le présentant face au courant. Il est calme au fond du filet. Allongé sur l’épuisette ; c’est un 40+. Je ne résiste pas à faire deux photos car le combat a été assez court puis je le redresse, le tiens pas la queue et sentant son envie de partir, je le libère. En s’éloignant de moi, il laisse derrière lui un sillon en surface me laissant présager d’une bonne vitalité. Je suis heureux. Un autre poisson se manifeste, je le tente mais vu la distance, un geste mal effectué fait croiser mon bas de ligne, le vrille, le noue, ce qui met fin à ma partie de pêche. La pénombre est là. Retour vers Bergerac avec de bons et moins bons souvenirs, j’ai eu une pensée pour Daniel, Maurice, Dédé et Marc, mais surtout avec le grand bonheur d’avoir vécu cette journée. C’était la journée où il fallait y être…

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