doublé

19 mai 2011

09 - Ariège

Ariège

cérou

Je ne sais pas si je pourrai aller à la pêche ce WE, alors quand j’apprends que chaque membre de la petite famille n’arrivera de la ville que très tard, je décide d’aller tenter un coup du soir, et rêvasser le long de l’eau qui court. J’ai tout d’abord le réflexe petite rivière : pourquoi ne pas appeler Vincent et voir s’il pense descendre juste là en bas de chez lui ? Mais il est assez tard, et l’Ariège n’est qu’à mi-chemin : ce sera donc la grande rivière, l’occasion de sortir la 10’, redécouvrir des endroits que j’ai délaissés depuis longtemps. Je m’éloigne pas mal des jardins, parviens dans des coins inconnus où la rivière coule puissamment. Je sais bien qu’il ne faut pas trop s’écarter des accès, que le retour sera hasardeux, mais cette bordure là est trop tentante et il faut encore que je traverse des dizaines de mètres de fourrés compacts avant de me retrouver juste en amont du grand courant. De là, je contrôle un secteur plaisant, où pourtant rien ne bouge. J’avance lentement et bénis mon habitude de pêcheur de ruisseaux qui n’avance jamais avec la canne devant lui car un gobage splendide a lieu à peine trois mètres en amont. Je recule et laisse le poisson revenir, après tout j’ai peut-être fait fuir cette truite… La prise d’un insecte a lieu, je me donne un peu de temps et observe la suivante : un remous ample, un gobage gras, un museau triangulaire qui semble suspendu au dessus du film. Mon imitation disparaît dans un entonnoir liquide, le rush est très puissant et la belle file vers l’arbre mort en contrebas. Je la vois, claire et tachetée sur un fond plus sombre, je sais que c’est la plus grosse truite que j’ai eu l’occasion de leurrer depuis longtemps. Je ne peux pas la tenir dans ce petit espace, elle navigue dans la veine profonde jusqu’au moment où elle met résolument les cap vers l’aval et file dans les bouillons. Mon frein relâché lui donne le champ suffisant pour arriver dans le grand trou, et il est temps qu’elle s’y arrête car il ne doit me rester que 4 ou 5 tours de backing ! La suite sera à peine plus facile mais les 48 cm viendront dans le filet : je l’ai piquée au moins 60 m plus haut ! Je suis un peu tremblant, j’espère que les photos seront correctes car je suis persuadé que je n’aurai plus cette chance incroyable cette saison, et peut-être au-delà de cette saison. Pourtant… La légère manifestation aperçue à une vingtaine de mètres de l’endroit où la belle était postée semble irréelle, on pourrait croire à un friselis que créeraient deux courants antagonistes. Est-ce le soir qui vient très vite maintenant, appuyé par l’épaisseur noire de l’orage qui approche ? L’insecte se trouvait là, il a disparu… le suivant aussi… ma mouche parachute s’évanouit à son tour. Ce poisson si discret dans ses prises réagit au fer comme le petit taureau qu’il est : l’éclate en surface est impressionnante, quel remue-ménage ! Mais celle-ci je la bride, le 14% tient parfaitement malgré les sauts très lourds et elle vient finalement beaucoup plus vite que sa petite sœur. Le demi-mètre Ikéa est dépassé, et puis je ne m’attarde pas en mesures et comparaisons car l’endroit est moins propice que tout à l’heure pour immortaliser le sourire carnassier de la bête. Quelques éclairs artificiels dans la nuit presque tombée sous l’aplomb des grands arbres, le retour difficile dans le sous-bois… mais dans quel état d’excitation ! Les copains sont sur messagerie, j’ai envie de partager tout ça… Je roule tranquillement vers l’immense halo orangé. Derrière, sur la gauche, d’autres flashes zèbrent la montagne. Ce soir, je suis incroyablement heureux.

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