Et oui, l’hiver est arrivé et les intempéries de la semaine dernière nous l’ont bien prouvé. Les températures négatives et les averses incessantes ont rendu la pratique « mouche » plus que difficile. Tout cela aurait pu miner notre moral et remiser le matos « truite » dans le coin du salon jusqu’aux prochains beaux jours. Il n’en fut rien. Armés d’envie et de viennoiseries au beurre, nous sommes allés rendre visite dimanche dernier en 8, à nos chers amis étendards (cf. blog de JM51). Malgré des niveaux détestables, quelques thymallidés nous ont gratifiés de leur sollicitude en croquant nos nymphes lourdes. Une bien bonne journée de complicité, où la bonne humeur (et les bières…) et le partage, furent une nouvelle fois, les fers de lance de la sortie. Constatant jours après jours, la baisse des niveaux, je décidais de rejoindre les bords de Marne en ce dimanche tristounet. Aucun compère ne pouvant se libérer, je troquais ma tenue d’équipier halieutique contre celle du traqueur piscicole. Prestement, j’enfilais le waders et préparais à la hâte mon équipement. Je traversais le champ quand sur les collines alentours, des coups de feu retentir. Bizarre, par temps de neige ! Enfin, me voilà face à la rivière. Elle a revêtu son plus bel habit hivernal ; bordure enneigée, arbres dénudées et couleur cristalline un peu grisée forment un tableau quelque peu funéraire. Essayons d’égayer la partie. Un bruit m’attire, je lève la tête et là, un bruit superbe accompagne une escadrille bleue. Une volée d’une trentaine de palombes me survolent et s’éloignent promptement. Elles aussi restent exilées au sud… Les veines sont beaucoup mieux marquées (13 centimètres de moins, ça aide !) et m’incitent à démarrer en sèche. Bien vite, je renonce car les dérives successives n’engendreront qu’humidité et fraicheur supplémentaires à mes mains déjà écarlates. Et là, l’instant que tous nous recherchons, la confirmation subtile et caractéristique de l’appétence de notre imitation. Il n’est pas bien gros certes mais il vaut bien cette satanée fario partie avec ma nymphe en plein mois d’avril alors qu’elle picorée outrageusement sur une bordure ! La journée continuera agréablement entre coulées, recherches, observations, insistances, arrêts, nouvelles observations jusqu’à ce que, enfin, l’œil se fixe. Il est là, posté, virant de droite à gauche au hasard des dérives supposées de larves. Quel spectacle ! Je reste là, un moment. Je repense à tous ces moments fugaces de 2010 où un geste, un seul peut satisfaire l’ensemble d’une journée passée au bord de l’eau. Je le tenterai à plusieurs reprises en nymphe. Une seule saura le faire réagir mais sans autre sanction que sa remise en place. Troquant alors une sèche au corps semblable, il s’en saisira promptement après s’être retourné et l’avoir suivi ; une scène gravée à jamais ! C’était peut-être le dernier gobage de la saison…