Tout petit, il avait déjà « ça » dans le sang. Quelques spirlins pris à la petite ligne en Loire ont révélé la passion alors qu’il avait encore des couches… De fil en aiguille, les techniques lui ont été révélées. Il a fallu m’accompagner sur la barque, que je lui prête un lancer (avec un ver, quelle horreur!) et le premier silure a été pris. Puis vers six ans je lui ai acheté une canne, et les premiers chevesnes, sandres et perches ont succombé à ses leurres ou à la tirette et la prise d’un brochet provoquait une ravissement béat. Restait un mystère: ces mouches que je monte régulièrement, ces escapades dans le Morvan, ces truites et ces ombres dont il n’entendait que le nom ou n’admirait que des photos. Alors pour ses huit ans, la sentence est tombée: « Je veux une canne à mouche! ». Soit mais ça attendra mon prochain débarquement, de toutes façon, là, c’est l’hiver… Entre temps, nous avons fait quelques séances sur la pelouse, avec la canne de papa une fois de plus, et vendredi dernier nous voici donc partis chez le détaillant pour débusquer une 9’#5 de bonne facture. Un essai s’impose, on va pas laisser cette p’tite canne se morfondre au fond du garage. Arrivée à Green Lake en fin d’après midi, vent froid, couvert, quelques gobages. On se planque derrière un buisson le temps de monter les cannes. Une truite d’une cinquantaine de centimètres se promène dans le secteur, gobant toujours aux mêmes endroits, cinq mètres devant nous pour le plus près. Bon, on va pas finasser: 16% et émergente de mouche de mai en cdc et lièvre… « Tiens Gaby, pour le premier lancé, on le fait ensemble ». Premier lancé, premier posé sur le trajet de la truite: elle tourne la tête vers la mouche, monte, ouvre la bouche… elle est au bout! Elle s’est décrochée dans l’épuisette, on a retourné le filet, il l’a soutenue par la queue quelques secondes et elle est repartie. Depuis, nous multiplions les séances d’entraînement au bord du canal latéral à la loire, à cent mètres de chez nous. On attend la baisse du fleuve pour aller s’exercer sur les chevesnes. Bientôt la première sauvage?