Les pâles jonquilles dorent au soleil frisquet et balancent leurs tiges vertes dans la bise descendant des cimes encore gelées. Les lumières oscillent entre les nuages brumeux et les rais du soleil, quelques gouttes de neige fondue tombe et luisent les troncs mangés de mousses sur les berges de la Vologne. Aujourd’hui, on est partis tôt à la pêche. Quelques mouches grises volettent au dessus de l’eau qui coure haut sur les galets et tombent à la surface dans un battement d’ailes. Les mouvements et les dérives attirent les truites dorées, elles s’en saisissent tantôt dans des bisous discrets, tantôt dans des éclaboussures éphémères. Loin, à l’aval, ce gobage semble être le fait d’un beau poisson. Le vent complique le lancer mais la soie de qualité fuse dans l’air printanier et l’artificielle se pose dans la veine qui la dirige vers cette fine bouche. Fin de dérive avant la chute, la contorsion attendue se fait voir et le carbone plie plus que d’habitude. La truite se bat et vient doucement vers ma main déjà mouillé d’eau froide. Elle repart entre les rochers ocres du fond de la rivière, et c’est déjà l’heure du retour.