Enfin ma première sortie de l’année, ça faisait deux mois que je l’attendais. Les blocages à la faculté, le report des contrôles continus et de certains examens, l’incertitude sur mon mémoire ont fait qu’il était impossible de planifier une partie de pêche. Mais là, voilà, les examens sont terminés, j’entends les Nives du pays basques qui m’appellent, j’entends déjà les brebis, je sens déjà les odeurs du printemps, le goût de l’agneau du pays après une bonne partie de pêche. Et puis le fromage local, oulala ca va faire mal… Mercredi, j’arrive à Garazi ( st Jean Pied de Port), la beherobie et le lauribar sont teintés, maldone !! Par contre la Nive des Aldude est parfaite. Ptit café, petite sieste et c’est parti, prêt à défier les truites les plus récalcitrantes. Ce fût une après midi difficile, assez chaude, l’athmosphère est lourde, l’orage est pas loin, j’entends gronder. Pourtant, les insectes sont là, il y a de très belles éclosions. Pourtant, pas un gobage, pas un poisson. Je peigne scrupuleusement toutes les veines d’eau, les retournes : rien, que dalle, nada !! Je fais un peu de marche et je change de secteur en espérant qu’il y ait des poissons actifs. Et là, ça commence à sentir le sapin : de gros nuage noir, bien dégueu, bien menacant et surtout bien bruyant…Je me dis que je n’ai vraiment pas de bol ! 300 bornes pour pêcher deux heures et me faire saucer par la suite, j’enrage et je balance quelques bons jurons. D’autant plus que je suis en face d’un spot magnifique : un beau lisse d’une centaine de mètres, une veine principale qui longe un grand mur d’une dizaine de mètre de haut. En haut du mur, il y a la route qui remonte la vallée ( Ca va ? pas trop précis la description ? Référence aux grognons qui aiment pas dévoiler les coins) . Il est 19h, je commence à entamer l’aval du parcours, l’orage menace, il pleuviote un peu. Puis là, c’est le flash ! je plonge sur les galets de la rive les mains sur la tête, gros coup de tonnerre. Je balance ma canne sur la prairie et je me barre en courant sous le buisson le plus proche. Du genre pétochard, on ne fait pas mieux, j’ai la phobie de l’orage et l’idée d’avoir du carbone dans les mains me rend pas trop serein… Pendant trois bons quarts quarts d’heure, j’ai répété ce petit manège plutôt assez ridicule de courir dans la prairie à chaque coup de pétard. J’espère ne pas avoir été trop observé parce qu’il y avait de quoi se bidonner. Je commence en avoir marre, je décide de partir. Puis j’appercois une voiture qui s’arrête. Un mec sort, il met un waders, il sort une canne géante. Là, je reste cinq seconde, je réfléchi et finalement je retourne sur le spot. Aller savoir pourquoi j’ai fait ça, pas moyen que je passe pour le gars qui a rien compris. Puis là, miracle, des gobages partout, je commence à trembler, l’adrénaline monte, il y a gros à jouer !! Je fouette, je lance, je fouette, paf, orage, je m’en fous, je continue ! Rien ne peut m’arrêter maintenant. Et shlack !! Gobages en plein milieu de la rivière ! En bon gros mauvais, je ferre dix ans après, le poisson est calé…ça fait du bien quand même, je redouble de motivation. Je commence à prospecter le long du mur, je sais que c’est là où sont les beaux poissons…puis…un vairon qui tombe du ciel…j’hallucine…je regarde en haut du mur, mon pote le pechos qui dandine sa monture du haut de la route !!! Je suis partagé entre deux sentiments : celui d’aller de monter en haut et d’expliquer deux, trois choses, ou celui d’exploser de rire tellement le truc est énorme. « Alors, heu…tranquille là haut ? les truites, elles sont plus à droite, plus à gauche ? » . Le type a compris sur le ton de la question qu’il valait mieux aller plus loin…Là est au moins son mérite. Je continue, je fouette, et refouette, petit mending amont, j’accompagne la dérive, je suis en bout de courant,je tends le bras pour éviter le draguage, je suis en trois quart aval et schlack, pendu ! ça tire, elle est en plein courant style ferrage en situation de pêche en noyée. Mais la défense est moyenne,j’épuise le poisson en trente seconde. Étonnant car c’est un poisson de 35/40 mais peut être un peu amaigri. Quel bonheur !! Une situation difficile et je m’en sors avec une belle fario. J’en décrocherai une autre plus vigoureuse. Dommage. Mais la satisfaction est là. Le soir, orage démentiel et pluie diluvienne. La Nive a pris un métre d’eau…Pourtant, le seigneur était là avec moi car il a fait que, malgré les conditions les plus pourries, la nive d’arnéguy était translucide au petit matin du jeudi 14 mai. Aller savoir pourquoi, toutes les rivières du coin dégueulaient de boue sauf celle là…J’ai faillit envoyer une lettre au Vatican pour déclarer un miracle. Une belle journée dans la vallée d’Arnéguy avec ses belles truites aux grosses oncelles noires. Le pied. Retour vendredi à Bordeaux, peinard, toujours amoureux des Nives.