18h50 : arf, il me manque trois mètres de cable pour alimenter les spots de la capucine de la cellule. A fond, je descends en ville avant que les magasins ne ferment. En passant sur le pont, je constate que la Vézère a bien baissé. Et si ce soir… 19 h 25 : après avoir fermé le chantier en vitesse, je m’enfile un reste de confit de canard car même si on est passé à l’heure d’été, je sais que le temps de préparer le matos, redescendre et me mettre entrain, il ne me reste pas beaucoup de temps à pêcher. 20 h : ma soie naturelle en place depuis la sortie à Treignac ne me permet pas de bien poser, mon bas de ligne est trop court, la BK qui fait habituellement des miracles me fait monter que quelques poissons. Il faut bien que je me résigne à changer de soie. 20 h 05 : Ah, ça va mieux, le long bas de ligne en 10 centièmes se pose là où je veux et je peux enfin faire passer correctement ma mouche sur les ronds. Les poissons prennent bien. Je suis sur le haut du poste, j’ai affaire aux plus gros poissons du banc. Contrairement à d’habitude, les ferrages dans le vide sont quasi inexistants. La mouche est à chaque fois bien prise et plantée dans les lèvres. Le niveau tendu y est surement pour quelquechose. La mouche dérive vite, les poissons que je vois monter du fond n’ont pas le temps de finasser. 20h 15 : la luminosité commence à baisser et les gobages redoublent. Ca pour sûr c’est un beau coup du soir. Ayant épargné le gros du banc pour mieux en profiter, je me décale vers l’aval et j’ai devant moi un champagne pétillant. A chaque posé de ma mouche, une bouche avide l’aspire. Mon seul soucis est d’empêcher le front du banc de me dépasser vers l’amont. Je claque donc un peu mes posés et appuie mes ferrages pour limiter la progression des poissons vers l’amont. 20 h 35 : ma mouche continue à se poser 30 cm en amont du front des museaux avides. A chaque dérive elle est prise mais comme je suis dans le gros de la troupe, une fois sur deux, le poisson est trop petit pour la prendre correctement. Peu importe, au posé suivant une fusée blanche jaillit de l’eau en frétillant. Il va bientôt faire nuit, j’ai un peu honte de capturer tant de poissons. J’imagine être espionner par un activiste de la PETA qui prépare une vengeance proportionnelle au nombre de poissons capturés. Et comme mon rythme indique environ 50 à l’heure, je vais prendre cher. Peu importe sa sentence, je m’en accorde une dernière pour la route… Fred