Mon début de saison est catastrophique. Depuis le 8 mars, malgré une ouverture sur le Tarn, une visite de la Vis, et le WE dernier ; samedi Tarn et dimanche Dourbie ; mon bilan est très maigre : pleins de poissons vus, 4 ou 5 ratés au ferrage, mais aucun ramené jusqu’à ma main pour jouir du plaisir de le voir repartir, fâché mais vivant. Ces pensées moroses me hantent jeudi matin au bureau ; c’est décidé, je prends la route direction Navacelles pour retrouver la merveilleuse, capricieuse et ingrate Vis Arrivé au platane bien connu du pont submersible, je constate un temps de cochon : 12°, mistral et un peu de pluie. Tant pis, l’appel est trop fort, engoncé dans 2 sweats polaires, je rentre délicatement dans l’eau. Il est 12h30. Je vais vivre 3 heures qui vont me faire oublier toutes les désillusions et les « capots » de ce 1er mois de la saison. Les poissons sont bien postés et montent franchement sur ma « Viscieuse » kaki H16. Le vent qui balaie les gorges m’offre la discrétion indispensable à l’approche des meilleurs postes. Quelques ratés, décrochages et 5 truites plus tard : j’ai retrouvé le sourire : je ne suis pas maudit, j’aime toujours la pêche à la mouche, les poissons difficiles et cette merveilleuse rivière. Mon plaisir sera quand même un peu gâché par un moucheur porteur d’un magnifique panier en osier qui surgit 20 mètres devant moi, ne me voit pas et entreprend de commencer à pêcher avant que je ne lui signale bruyament ma présence et l’envoie queques centaines de mètres en amont. J’attaque ma 10ème saison ici, je considère cette rivière comme un sanctuaire et je sais que je ne suis pas le seul. Pas de panier, pas d’ardillon, no kill intégral, je suis persuadé que c’est à ce prix que la Vis demeurera cette rivière, certes terriblement difficile, mais si exceptionnelle. Elle se mérite. Demain, encore et encore, je ferai les kilomètres et les efforts pour la rejoindre, même si là-bas rien n’est gagné d’avance. A bientôt, pour en parler ou la pêcher …
