Il y a des jours comme çà.

17 mars 2008

55 - Meuse

Saulx

Yannick

Ce qu’il y a de formidable avec la pêche à la mouche c’est qu’il y a toujours moyen de découvrir, d’inventer ou de réinventer, bref de se surprendre. Cette nouvelle commence le 19 janvier 2008 au Salon de la pêche à la mouche de Kelhen au Luxembourg à la recherche de matériaux pour la pêche au streamer. Comme quelque uns inscrits sur le site, c’est une pêche que je ne maitrise pas et qui reste un mystère pour moi. Certes j’ai bien fait quelques belles prises mais souvent à vue et de façon très aléatoire. Par contre dès que j’ai voulu approfondir dans des conditions qui me semblaient favorables (eaux assez hautes), je n’ai eu que des échecs. Au salon je n’ai pas trouvé les hameçons sans ardillons qui me manquaient, j’ai donc fait un détour avec mon ami Ben pour aller chez mon détaillant préféré à Echternach. Après les emplettes de rigueur, en attendant que mon compère enrichisse un peu plus le Grand Duché, mes yeux se sont baladés sur la table de montage se trouvant à proximité de la caisse. Il y avait une bandelette de lapin qui m’a attirée les yeux, des poils de couleur roux clairs avec une peau bien blanche. Cela m’a tout de suite fait penser aux lamproies de planer. Je sais que ces bestioles qui ressemblent à des poissons mais qui n’en sont pas vivent plusieurs années dans le sédiment, puis sortent pour se reproduire et mourir. Les individus moribonds ou en train de frayer font alors le délice des grosses truites et dans certains endroits des huchons. D’ailleurs un leurre spécifique de ce grand salmonidé imite spécifiquement les boules de lamproies en train de frayer (je crois que cela s’appelle le « Zonck »). J’ai donc demandé à la maitresse des lieux si je pouvais prendre les 12 cm de peau de lapin qui trainaient là, ce qu’elle m’accorda volontiers (faut dire qu’après c’était à moi de passer à la caisse !). Donc pendant la trêve hivernale j’ai inventé mon imitation de lamproie, constituée de deux hameçons, l’un en tête l’autre en queue, reliés par un bout de tresse cousu dans la peau, une bille en tungstène de 5 mm lestait le tout. Ma « rabbitlamp » était née. Et puis ce mardi, profitant que mon frère était en congé parental et venait me voir, nous avions décidé d’aller rechercher les grosses truites en Meuse dans la Saulx accompagné de mon copain, Serge. Les niveaux des eaux sur internet n’indiquaient rien de bon, mais c’était impossible d’annuler car mon frère repartait le lendemain. Nous voici donc de bon matin partis pour les deux heures de routes qui nous séparent de la rivière. Lors du voyage, les plaisanteries allaient bon train sur la carotte qui nous était prédite, d’autant que le vent s’était mis au Nord-est et que sur ma montre « Fishing Gear » il n’y avait aucun poisson d’affiché. Arrivés au bord de l’eau : que d’eau, la rivière était à ras bords, mais comme il n’avait pas plu la veille, elle avait retrouvée un semblant de transparence, enfin bon, elle n’était pas marron mais d’un vert foncé pas forcément mauvais. Cependant, dans le doute, je laissais ma canne à mouche dans le coffre de la voiture et prenais ma canne aux leurres. Mon frère qui avait cassé la veille sur la truite de sa vie dans la Crusnes était motivé à bloc et avait choisi sur mes conseils d’équiper sa monture d’un gardon mort (qui avait fait également vivant les 700 Kms pour venir dans le Nord-est). Pas très sportif comme méthode mais efficace. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé atteler à une truite monstrueuse qui lui offrira une bataille dantesque sur 16%. Il faudra d’ailleurs que je me mette à l’eau pour passer sa canne sous le pont où la truite avait choisie de dévaler et l’épuiser. Lors de la bataille, j’ai peu entrapercevoir une autre truite, au départ je pensais que c’était celle qui était au bout de la ligne mais elle partie dans une autre direction pour poursuivre une lamproie de planer. Sur le coup je n’ai pas réagit, envahie par l’émotion de la prise exceptionnelle de mon frère, une superbe femelle de 70 cm de muscles qui rejoindra son élément après une longue réanimation et pose photos. C’est pendant le casse croûte du midi que cela à fait tilt dans ma tête. Je me suis dépêché de manger, équipa ma 10 pieds soie de 6 d’une Teeny 200, d’un bas de ligne en 25% et de la rabbitlamp. J’ai eu droit à la réflexion : « tu ne vas pas pêcher avec çà quand même ? » Si ! et 5 minutes plus tard c’était à moi d’être attelé à une très jolie truite qui m’obligea à me mettre encore à l’eau pour l’épuiser (il est fou !). C’était tout simplement le mâle, un poisson qui avait encore des marques du fraie à la base de sa caudale. Il rejoindra sa femelle, en espérant qu’ils vivront assez longtemps pour refaire de jolis petits l’hiver prochain. Il y a des jours comme çà où l’on relâche nos rêves. En plus quand cela se passe avec des personnes qui sont très proches et qui partagent la même passion: Quel pied !

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