Noooooon !! pas la phrase maudite, c’est pas vrai, pas dès le parking, au moment de mettre le matériel dans le coffre. Pourtant ce dimanche 09 mars à 6h15 du matin, je ne pensais pas croiser grand monde dans mon village, et puis cette petite mamie avait l’air si inoffensive, elle avait les yeux couleur de l’Ain quand l’orage arrive, ce bleu profond presque violet… Elle aurait du savoir !! Depuis cette phrase, mes sorties de pêche sont un véritable Enfer… Dimanche, mon ouverture, je me rends après une demi heure de marche au confluent de l’Ain et du Rhône, dans le lit végétal moîte de leurs amours, j’assiste à la rencontre tumultueuse entre les flots laiteux du fleuve alpin et les eaux cristallines de la belle de l’Est. Chacun a du subir son lot d’agressions, le Rhône, qui doit déjà franchir de puissants obstacles naturels, s’est vu détourner une bonne partie de ces eaux mais retrouve un regain d’énergie pour rejoindre sa belle amante. Cette dernière, corsetée, étranglée pour les besoins de la fée électricité, retrouve sur les 50 derniers km de son cours toute sa beauté, comme une femme qui atteint sa plénitude à l’âge mûr. Et moi, mon objectif, c’était de bénéficier pour un temps du fruit de leurs amours… Les niveaux sont bas, premier lancer, le streamer qui doit servir de modèle pour l’échange de mars finit dans une souche qu’un puissant courant m’empêche d’atteindre… Je marche le long de la rive, l’ensemble de la rivière se dévoile, car elle est ici faire de grands lisses, et je ne vois pas un poisson, toute espèce confondu, pas un signe de vie non plus en surface. Depuis une berge haute j’aperçois enfin deux énormes chevesnes sous une branche, approche amont et d’un coup la berge se dérobe sous mes waders, écroulant des galets dans la rivière, et moi je mets 10 mn à remonter en m’accrochant à des touffes d’herbes et à des racines…. Je commence à fulminer, d’autant que le vent enfle et souffle tant et tant que ça commence à devenir pénible de lancer. Je décide alors de faire un caprice : je me rue aussi vite que mes waders gorgées d’eau me le permettent vers un lône de ma connaissance, loin, très loin de mon point de départ. Changement de bas de ligne, streamer maison, troisième Lancer… la fusée convoitée jaillit des herbiers, chandelle, rush… mon premier brochet maillé à la mouche. Malgré le classement de l’Ain en 1ère catégorie, j’ai un peu honte de mon geste, et c’est avec la plus grande douceur que je remets cette beauté à l’eau… Je verrai plus tard sur le site de l’UPRA, que je porte aux nues en matière de gestion, des photos de brocs pris en stream… Je suis un peu moins mal. En plus je me perds en rentrant, malgré ma carte IGN, et manque me faire charger par un sanglier !! Je me dis que le lendemain, en compagnie d’Arnaud(39) ça ne pourra être que mieux, et que mon ouverture, j’aurai qu’à dire dans ma news que c’était ce lundi ! Oui mais non, par je ne sais quel mystère, nous voilà transposé au 40ème rugissants, voire même aux 50ème hurlants !! Ce jour, des rafales de 100 km/h ont été enregistrées dans l’Ain. Nous finissons par pêcher un lône se résumant à une succession de trous d’eau, Arnaud, venu spécialement pour pêcher l’Ain devait être ravi… En plus de sinistres craquements se font entendre, puis tout le haut d’un peuplier explose et les branches s’écrasent à quelques mètres de nous… Bon, et si je disais que mon ouverture c’était ce vendredi ? Ca ne commence pas trop mal, il fait un temps splendide sur le no kill de Priay. J’aperçois un ombre, c’est la première fois que je vois ce drôle de poisson. Je me dis que c’est un signe. Dans un tributaire, je leurre un gros chevesne avec une nymphe maison, même s’il se décroche dans les herbes je me dis que c’est un deuxième bon signe… mais non, rien n’y fait, on m’a souhaité bonne pêche et je suis maudit !! Le niveau de la rivière continue à monter, et croyant trouver un nouveau lône je me lance dans l’exploration d’un taillis effroyablement dense. Je suis griffé de partout, aux bras, au cou, mes waders sont définitivement mortes et je perds ma boîte avec toutes mes mouches maisons, adieu Muletors, adieu kiro, adieu inventions censés leurrer les barbeaux… Les gars, pitié, souhaitez moi merde pour conjurer le mauvais sort !!
