De retour dans ma contrée, je vais voir les rivières et… La Dordogne a noyé ses renoncules, EDF a avancé le programme de faucardage… Allons tremper les pieds sur la Corrèze, moins massacrée par les pourvoyeurs d’énergie « propre ». Inhabituels ces niveaux pour une fin d’été, surprenantes, ces eaux fraîches, tout est vert, à peine un soupçon ocre aux extrémités de quelques ramures. L’eau est piquée mais je distingue les roches plus claires, il ne manque plus que… Ma fourmi vogue maintenant, vénus cafre aux formes arrondies, ailes froissées, brillantes, tentatrices pour une goulue du soir. En voici une qui courbe la canne et une autre au ras des branches baignantes de l’aulne; des truites en pleine forme, épaisses, nerveuses, promptes à quitter la main du pêcheur. La fourmi marche, les truites ne mégottent pas, c’est simplet, j’ai l’impression de savoir pêcher mais celle-là rabaisse mon caquet: j’aurai juré l’avoir vue suivre la mouche et la repousser du museau! Le chironome fixé avec peine que je discerne à peine, une fourmi moins charnue; rien n’y fait, la truite reste inflexible et continue à se montrer pour finir de m’agacer. Est-ce la mouche? J’en doute mais bon elle a saisi cette merd……et je l’ai piquée! Incroyable qu’un si petit morceau fer puisse tenir ces coups de tête. Alors maintenant je te regarde avant de te laisser t’échapper vers tes profonds,vers tes bordures ombragées et je rêve: tu me ferais la visite des lieux-dits, la tournée des commères…