Ca faisait plusieurs jours qu’on en parlait avec les collègues… et hier fut la sainte journée décidée : on irait après le boulot rejoindre la Nive vers Louhossoa pour y déposer nos mouches. Nous sommes arrivés sous un superbe soleil, mais Dieu que les eaux sont encore hautes. Quasiment pas de gobages, seuls quelques poissons sautaient carrément hors de l’eau de temps en temps (au final on a découvert que c’était des barbeaux !!??)… Bona llez, ça va mordre, n’est-ce pas ? … n’est-ce pas les gars !? Rien. Pas un gobage sur nos mouches, pas une touche, pas un ferrage raté, pas l’ombre d’une truite, alors que els éclosions sont encore très nombreuses… Nos éphémères doivent bien en profiter… Bref, vers 20h, mes chers collègues sont un peu dégoutés, et veulent rentrer. « Moi je file sur le Bastan, il doit être correct » lançais-je… mais sans écho… Bon ben tant pis je file tout seul. Le matériel, très vite rangé dans la voiture, est très vite ressorti une fois arrivé (pas fou l’autre !). Je me pointe sur la rivière, et là que vois-je, tel dans un rêve brumeux ???? un gobage devant moi, sur un plat… Allez hop ni une ni deux, je me place discretos, l’attaque… en vain… Pas une seule mouche ne veut être prise, et pourtant ça continue à gober… imitation d’éphémères, de spents, de sedges (j’ai même tenté une fourmi… oui Môssieur !!!!) rien… et elle gobe toujours. Suspectant une envie de me faire ch…, je décide d’aller voir une autre truite qui gobe plus haut… je vous laisse imaginer le résultat : poser parfait, dérive, je la voit qui se rapproche, gobage, ferrage, bataille de 5 minutes au mons, une superbe truite de 45 cm comme on m’en a promis sur cette rivière… … woops… pardon ça c’était mon rêve de la nuit dernière. Les 3 premiers points sont exacts (jusqu’à ce que la mouche se rapproche), après… la mouche dépasse le poste, elle s’éloigne, et toujours pas de gobage… Je suis resté pas loin d’une heure et demi, à attaquer 5 poissons différents, et rien. pas un seul gobage vers ma mouche… Dure soirée, je décide de rentrer (en même temps si je rentre pas, je suis bon pour une amende pour pêche trop tardive), et quand j’arrive à ma voiture je vois un pêcheur tout sourire qui vient à ma rencontre. je le connais pas, un grand salut, une poignée de main, et c’est parti pour une bonne discussion (bon sang, que j’adore ces basques). Il me raconte sa jeunesse, ses pêches mémorables ici (à ce moment là, j’en suis à essuyer la bave qui me coule des lèvres :D), et me livre un secret comme savent le faire les grands pêcheurs du cru : par petite bride, en lachant juste quelques mots clés… il me donne la recette de la mouche pour pêcher cette rivière. « Sinon elle ne prenne rien » me dit il dans un grand sourire… Et de le voir ensuite partir « casser la croûte » comme il me dit, avec une « promesse » de se revoir sur cette rivière où il habite, et qu’il pratique depuis « qu’il était encore perché sur les épaules de son père »… Par respect pour ce pêcheur, je ne vous livrerai pas son secret, seulement un matériau qui siffle comme un mot de passe, un secret éternel, une promesse de belles pêches futures : le poil de cervidés…