Comme un long week-end de mai ne peut s’envisager sans au moins un jour de pêche, j’avais prévu de faire une sortie sur la haute Isle. Mais, suite aux orages de la nuit, j’ai peur qu’elle soit trouble, aussi je me suis également équipé de mon matériel à carnassiers, en cas d’une nécessaire cession de rattrapage. Après une heure de n.a.i. infructueuse, seule une truitelle d’environ 10 cm ayant été leurrée, et face à des niveaux trop tendus, je décide de me rabattre sur un étang voisin pour tenter de prendre mon premier brochet de la saison. Les lancers se succèdent, mais esox n’a pas l’air décidé. Seul un papa black-bass a pourchassé ma mouche en surface, et, même en stripant comme un malade, je n’ai pas réussi en l’empêcher de refermer sa gueule sur ma mouche. Heureusement, il ne parviendra qu’à mordre la queue en rabbit strip, et s’épargnera ainsi le déboire de connaître la morsure du fer…pour cette fois au moins. En continuant ma prospection, je remarque, dans une anse abritée, un banc de gardon proche de la surface qui, de temps en temps, s’agite d’une façon subite. Ca sent le bec en dessous. Premier lancer, stripping saccadé et je un éclair sous la surface, suivi d’un choc dans la soie. Ferrage, et c’est manqué ! Je relance et cette fois, le brochet est au bout. Il s’agit d’un sifflet d’une quarantaine de centimètres, que je ramène sans aucun problème vu sa taille. Il est maintenant devant moi, en surface, tenu en laisse sous la canne, le temps que je me prépare pour une petite photo. C’est alors que, subitement, une énorme gueule vient crever la surface et un de ses congénères s’en empare dans un énorme remous. Ma soie file dans les anneaux, par réflexe, je bride l’animal, et heureusement, au bout de quelques secondes, il consent à lâcher sa proie. Je ramène mon bec une deuxième fois, en craignant pour sa santé. Effectivement, il a les flans bien marqués, mais rien de bien grave : des écailles en moins et une toute petite blessure au niveau d’une nageoire de devant. Vu l’écartement de ses blessures visibles sur la photo), je crois que j’ai eu à faire à un tout gros, les spécialistes confirmeront. Comme il a sûrement eu assez d’émotions pour la journée, je le remets rapidement à l’eau et, vous vous en doutez, je tente sur le champ de capturer mon concurrent. Ce sera sans succès et un autre orage viendra rapidement mettre un terme à ma sortie. Mais ce n’est que partie remise, j’ai eu un avant-goût de la bagarre avec ce sous-marin et je ne compte pas en rester là maintenant qu’il est repéré. jf