l’Est, c’est pas mal non plus

31 mars 2007

55 - Meuse

Vidus

cloclo

Arrivé vendredi soir chez mes beaux parents avec femme et enfant, ce n’est que samedi matin vers 11h00 que la première pensée liée à la pèche m’est apparue. Faut dire que la petite mirabelle maison ingurgitée la veille ne pousse généralement pas aux réveils matinaux et que le temps que je découvre dehors ne me donne pas pour le moment envie de sortir. 11h donc quand je commence à tripoter mon matériel me demandant si il est vraiment raisonnable de sortir par un temps pareil. Dans ces moments d’incertitude, je n’aime pas trop me presser et aime plutôt me poser avant de prendre une décision. Je me passe mentalement les raisons qui pourraient m’inciter à aller me recoucher et c’elles qui au contraire, pourraient me conduire vers la rivière. Au titre de c’elle qui incitent à retourner au lit, il y a le temps, la pluie fine qui commence à tomber et surtout la température extérieure : 6 degrés. Tiens, 6 degrés, ça me rappelle quelque chose. Je cherche et finit par trouver. Ces fameux 6 degrés, c’est la température par laquelle Fly.only est sorti sur la Dordogne. Je me remémore sa news et soudain je fais un lien entre nos deux expériences. Il est sorti par 6 degrés et a fait une pèche formidable. Il faut donc que je fasse de même pour voir si la rivière sera aussi généreuse avec moi. C’est décidé, je vais à la pèche. Reste juste l’étape incoutournable et préalable à toute sortie, l’annonce à mon épouse que je ne serais pas là à midi pour partager le repas avec mes beaux parents. A demi endormie, elle trouve tout de même la force pour me déconseiller d’y aller et surtout de me rappeler que toutes mes expériences (deux sorties) depuis l’ouverture se sont soldées par des bredouilles. Voyant mon obstination à refuser de revenir dans le lit, elle finit par me « donner » son accord et m’assure qu’elle expliquera ma désertion à ses parents. Je pars donc vers la rivière, vers les eaux vives. 15 minutes me suffisent pour arriver sur les lieux. L’air est froid, le vent s’est levé, mais le ciel est étonnamment dégagé. Le parcours est assez facile d’accès car la rivière coule dans des prairies et traverse un village. J’arrive sur mes postes préférés, ceux qui sont les moins péchés (quoi que en ce début de saison, les berges ressemblent à des autoroutes tellement elles sont pratiquées) et constate que la zone est impéchable vu le niveau des eaux, l’approche des berges est même assez dangereuse. Je commence à penser que malheureusement l’expérience de Fly.only ne va pas se reproduire aujourd’hui…. Bon je suis au bord de la rivière qui n’est pas péchable. Que faire ? Me précipiter à la maison pour glaner un peu de temps au lit et aussi subir les remarques de ma femme ou….. Ou bien allez faire un tour dans le village, voir si les niveaux sont meilleurs. Allez, c’est décidé, je vais voir un peu plus en amont. Je traverse le village et arrête le monteur contre le parapet du pont. Ah, les niveaux semblent bons mais le temps est toujours aussi froid, même si la pluie s’est arrêtée (est ce un signe ?) Je constate vite qu’il y a d’autres pécheurs présents sur la zone, mais ils sont concentrés plus vers l’aval. Ou, c’est pas bon signe ça, ça veut dire qu’ils ont déjà lancé leurs vairons ou ver sur ces postes. Tant pis je suis là, j’y reste. A près tout, je ne suis plus à un capot près……. Je monte ma canne, passe ma soie dans mes anneaux et commence à « humer » la zone de pèche. En effet, je ne suis pas genre à poser tout de suite ma soie sur l’eau, ni à bombarder immédiatement les postes potentiels. J’aime « sentir » l’air, me remplir des bienfaits de l’eau qui coule pour prendre pleinement conscience du moment. Il n’y à qu’aux bords de la rivière que je me relaxe vraiment, oubliant le stresse et les impératifs de notre vie moderne. En pleine contemplation, mon regard est soudain attiré par une petite masse sombre qui dérive. Je rêve ou quoi…. Est-ce que ce ne serait pas une MB… je fixe l’insecte et avant même que je n’ai pu me faire une idée précise de son espèce, je le vois disparaître dans un tourbillon bryant. Je reste là au moins une seconde avant de réaliser. Gobage, oui, c’est un gobage. Mon rythme cardiaque accélère et mes mains tremblent alors que j’ouvre rapidement mes boites à mouche pour trouve LA mouche qui fera succomber cette truite. Je n’ai pas encore finit le noeux quand elle se décide à remonter au même endroit que la première fois. Un poisson en poste, ça send bien la première prise de la saison. Le premier lancé est trop court, c’est dur de lancer précis après ces longs mois de disette. Le second sera le bon, mais le poisson refuse de monter. Un peu décontenancé, je relance. La mouche dérive dans la bonne veine d’eau et est aussitôt interceptée par le poisson qui déjà, essaie de se libérer du fer de l’hameçon. Sa défense est lourde, puissante et grandement facilitée par le courant de la rivière. Etant monté sur du 12, je ne veux pas risquer de perdre ce poisson et décide donc d’attendre patiemment qu’il se fatigue. Après deux minutes le poisson commence à rendre les armes et sa défense se fait moins intensive. J’arrive sans difficulté à le saisir pour décrocher l’hameçon. Le poisson est superbe, il fait dans les 35cm. Ce n’est pas un monstre, mais sa robe est admirablement colorée. Ne voulant pas compromettre ses chances de survie, je me décide à le rendre à la rivière. C’est alors qu’une voix sourde m’interpelle. Concentré sur la prise du poisson et ayant pris pied sur des margelles proches de l’eau, je n’ai pas vu arrivé dans mon dos, un groupe de pécheurs qui n’ont rien perdu de la scène. Me retournant, je découvre trois pécheurs qui sans se présenter me demandent pourquoi j’ai remis à l’eau ce poisson qui faisait « largement la taille ». Après les avoir salué en préambules (sans réponses de leur part), je leur explique les notions de respect des poissons et de no-kill. Voyant que ces discours ne les touchaient pas du tout, je me décide à terminer là nos échanges et de remonter un peu plus haut. Je comprends alors que bien que nous vivons dans le même monde de la pèche, nos univers ne sont en rien identiques. Un second gobage se produit à 15 mètres sur ma droite. Je me décale un peu pour éviter le groupe de pécheurs en train de commenter (à voix haute) mon geste et commence à lancer. Le troisième lancer fera mouche et je pourrais peu de temps après admirer un second poisson, de remise celui-ci). Le même pécheur me demande alors si je vais la garder c’elle-ci vu que c’est pas « une de la rivière ». Je lui rétorque alors que ce poisson mérite lui aussi le droit de retourner dans son élément. Je vois alors la tension s’installer quand il ajoute que c’est la faute à des pécheurs comme moi si les poissons deviennent imprenables. Avant il faisait son ‘quota « de poisson facilement alors que maintenant les poissons, quand il en reste, sont imprenables. Il finit tout de même par me dire que si je ne veux pas de ce poisson, il peut m’en soulager…. La situation se dégrade et je me dépêche de remettre mon poisson à l’eau. Je me redresse, et voyant ma taille bien supérieure à la leur, ces pécheurs baissent immédiatement d’un ton. Je me demande ce que je peux répondre à ça….. En fait rien du tout parce qu’il est presque trois heures et que la pluie s’est remise à tomber. Je me décide à partir non sans avoir une pensée pour ces monsieurs d’un autre temps et d’une mentalité largement dépassée. Les pauvres s’ils savaient….. Merci ma douce pour ces quelques heures passée à coté de toi, merci pour ces sentiments que tu m’as fait vivre et ces sensations si longtemps endormies. Tu ne t’appelles certe pas Dordogne ou Ain, mais tu sais être généreuse avec ceux qui le mérite ou qui ont l’impudence de le croire Cloclo

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