De retour sur la rivière et du parcours de graciation d’ Argentat. Les niveaux sont parfaits, les eaux claires et fraîches. Toujours aussi envoûtantes avec ces rivières miniatures qui serpentent dans les massifs neigeux des renoncules en fleur. J’imagine des montées discrètes, des posers doux dans ces damiers verts et sombres. C’est la fin de matinée et rien ne se passe; je me résigne à pêcher l’eau, les poches d’eau libres d’herbiers, les remous en sèche. A l’ombre des frondaisons, au passage de la mouche, je peux voir les dorsales pourpres des ombres suivre, sans prendre évidemment. D’autres ombres plus taquins semblent pousser la mouche du nez avant de regagner leur tenue. De plus, pour arranger les choses, aucune mouche naturelle ne passe… Ca s’annonce dur mais bon, je suis si bien dans cette eau fraîche jusqu’à la taille. Les touristes passent et me photographient comme un élément pittoresque; pourtant je suis comme un piquet fiché sans boucles de soie photogéniques. Là-haut il m’a semblé…voir une éclaboussure anormale. Je me remonte à portée de tir mais l’eau monte déjà à la limite du pantalon de pêche. Le poisson est remonté contre une branche affleurante, le courant est rapide;Mon gros sedge sur 14 dérive bien, la frange pourpre crève la surface et la ligne se tend. Un combat classique en écarts en profondeur et coups de tête avec un saut final. Pas de coups tordus avec entortillage dans les herbettes comme avec certaines rouées. Un hameçon sans ardillon a occasionné il y a longtemps une déchirure importante des lèvres à ce bel ombre qui a grossi depuis ce jour. Vite une photo et il disparaît entre les pieds de renoncules. C’est le milieu de l’après-midi, je quitte l’eau et descends m’abreuver chez Maryse. Mon ami Jean-Claude m’y rejoint et nous filons plus aval mais la vallée s’assombrit et le tonnerre se fait entendre. Nous prendrons quelques assées combatives et JC prendra une belle truite de souche prise en pêchant l’eau près des branches que nous admirerons. Le vent se lève transformant les courants en tapis de feuilles sèches. Les premières gouttes tombent; al coche!