Un peu rouillé.

11 septembre 2005

46 - Lot

Dordogne

Fred S

Chassez le naturel, il revient au galop. Après deux mois d’abstinence forcée, je dois bien reconnaître que la pêche est toujours ancrée au plus profond de moi. Lorsque j’ai vu ce ciel bas et bouché ce matin j’ai tout de suite pensé à la partie de pêche qui me tendait les bras. Et lorsque la bruine s’est mise à tomber, ma décision était déjà prise : aujourd’hui, malgré la tonne de boulot qui m’attend, j’irai à la pêche. Départ un peu tardif en raison de courses à faire, la route est barrée en raison d’un terrible accident de la route. Demi-tour et déviation par les petites routes. A cette saison, avec un temps pareil, il ne faut pas perdre de temps. La bonne heure de route qui me sépare du coin où je compte aller passe très vite au souvenir des belles parties de pêches réalisées par le passé avec un tel temps à cette saison. Sitôt arrivé, sitôt habillé. Je me rends au bord de l’eau et là mauvaise surprise : la Dordogne est haute, très haute. Elle a bien 50 cm de trop pour pêcher ce coin :-((. Un bon 120 /140 m3/s aujourd’hui à vue de nez. Ca va être chaud. Direction une plage en dessous qui pêche par haut débit. Le coin est sympa, des mouches dérivent mais pas un poisson ne les prend. Ah si pardon, une sulphure disparaîtra dans un rond discret, oeuvre d’une vandoise. Mais d’ombres toujours pas. Il y a trop de courant. Sans trop y croire, je monte un train de noyée et pêche une petite plage en redescendant à la voiture. Rien, pas un coup de nez et il me semble que l’eau monte car elle charrie des branchages. Perdu pour perdu, je me dirige au pont suivant. J’observe ce grand lisse pendant ½ heure sans rien voir d’autre que le dos d’un gros poisson argenté (castillon?). Il est 13 h 30. Il me reste tout au plus une grosse heure de temps libre. J’ai mon train de noyé sur ma canne et comme rien ne montera en surface, je vais tenter la descente du courant en amont. Je remonte le long de la berge. L’eau a noyé l’intégralité de la plage et les feux de camps se devinent à peine sous cette eau teinté qui charrie de plus en plus de feuilles. J’ai du mal à lancer assez loin avec cette canne de remplacement. Le bas de ligne est un peu long, les trois mouches tirent mal, le nerf est difficile à trouver. Je ne serai pas un peu rouillé moi? Il y a du laissé aller coté matos en plus. Le bas de ligne est à refaire, il faut que je répare ma 10′ qui a rendu l’âme dans la benne du pick up au retour du Sègre, que je colmate les deux fuites de mes wadders (entre jambe et pied droit)… Encore du boulot en perspective. C’est dingue ce à quoi on peut penser lorsqu’on pêche. Une décharge stoppe la dérive et me tire de ma torpeur. Au premier contact, je devine vite que c’est du lourd. Le ferrage s’est bien assuré mais il faut que je rende de la soie pour ne pas que le 18 centième ne se rompe (tiens, c’est vrai, il faut que je rachète du 20%). Et voilà que je me retrouve à la limite du backing à galoper derrière le poisson. Je mise un instant pour un très gros ombre car mon pote Richard à l’habitude d’en prendre à cet endroit précis. Mais la lourdeur du poisson me fait douter. Après avoir tenté de fuir vers l’aval, il remonte de 10 m et se cale dans le courant. Nous restons là, sans faire baisser l’intensité de la tension, immobiles. A tel point que je me demande si le poisson ne m’a pas planté dans un quelconque rocher. Puis imperceptiblement il remonte à la surface. La vue de la queue large et noire me confirme que j’ai affaire à une 40+. Il faudra encore deux bonnes minutes pour que cette truite sauvage pure souche de la Dordogne ne soit à mes pieds. Comme tous ces beaux poissons, elle a les flancs ponctués de gros points noirs mais des marbrures rougeatres trahissent la proximité de la période de frai. Elle a un embonpoint satisfaisant car j’ai du mal à la tenir avec une seule main. Un rapide coup de mesure : elle affiche 46 cm. Je suis ravi car vu mon assiduité réduite sur cette saison, je ne peux pas raisonnablement espérer accéder aux 50+ qui demandent bien plus de « travail ». Faute d’appareil photo, elle repart assez vite avec son bisou. Une petite arc viendra elle aussi goûter au piquant de ma mouche de pointe. Sacré modèle. Vieux comme le monde mais tellement efficace que je suis étonné à chaque nouvelle capture. Je finirai la descente par la capture d’un blanc à la limite du calme. Il est 14h30, les contraintes de la vie moderne me rappellent à leurs bons souvenirs. Je regrette de ne pas avoir pu pêcher en sèche mais la prise de cette belle truite me réconforte. Le poisson était dehors et il y avait des truites à prendre malgré le niveau de l’eau. De plus, c’est toujours ça de pris par rapport à ce qui nous attend. Dans les jours qui viennent le débit devrait encore augmenter. Ca me laissera peut-être un peu de temps pour vérifier mon matériel et aller me dérouiller sur les blancs, là où les turbines ne fonctionnent pas.

Ailleurs dans le site

Forum