J’ai eu l’opportunité de découvrir la belle ville de Lyon (notamment le vieux Lyon) et ses alentours. Etant non loin du pont de Chazey (sur l’Ain) et devant remonter sur la Champagne, je me suis dit qu’il serait sympathique de sortir la canne sur cette large rivière ou un de ses affluents.
Malheureusement, les précipitations des derniers jours ont eu raison d’une praticabilité aisée des berges (je ne connais pas le coin, alors trouver une zone propice, j’aurai eu peu de chance). Malgré cela, je continuais de zyeuter le site vigicrues car quitte à être dans le coin et avoir la possibilité d’y consacrer un peu de temps, autant tenter de poser quelques imitations. Bref, Ain, Suran, Albarine, Doubs, tous ces cours d’eau renommés me semblent bien hauts d’après les recherches d’informations sur le web.
En aurais-je oubliée une ? Bien sur, la Bienne est dans le secteur. Je galère (je l’avoue ici) à la situer sur vigicrues et surtout à trouver la sonde correspondante. Oui, je sais, je suis nul !
D’après les divers échanges trouvés ça et là, le niveau indiqué me paraît bien délicat. Allez, je ne suis pas à la minute et me dis qu’un léger détour de l’Est vers le Nord-Est est jouable. J’arrive vers 10h15 à Saint Claude, passe à l’Hyper Casino (désolé pour la pub) acheté un chargeur de téléphone via l’allume cigare et quelques nutriments du pêcheur solitaire (madeleines, chips, eau et palmito…) et file vers l’amont pour visualiser l’amont et la course de la Bienne. Effectivement, posé à l’hôpital, ça court, de couleur jaunasse quelque peu !!
Bon, je me questionne, recherche un magasin de pêche (histoire d’avoir quelques infos fraîches), mais dommage, celui-ci est fermé. Je décide donc de redescendre et m’arrêterai ça et là, histoire de garder de belles images de cette vallée. Ah j’oubliais, les résineux sur les hauteurs alentours sont blancs…
Je roule, longeant la rivière et m’arrête de temps à autre pour l’observer. Accouder à un parapet, je tente de discerner les fonds et d’éventuels mouvements. La Bienne n’est pas aujourd’hui, d’une clarté vantée dans mon imaginaire mais la visibilité doit tourner autour des 60/80cm dans la profondeur. Sur la gauche, j’observe un soubresaut, une belle longe la bordure faisant de légers arrêts, tiens tiens. Je mire plus avant, et une deuxième apparaît, postée sur le début du radier, plus petite celle-là. Après tout, si ces 2 là, sont sorties, il y a peut-être une chance et puis quitte à être là, autant tenter le coup.
Je redescends encore, ne connaissant pas le secteur, je loupe pas mal d’occase de stationnement, ne voulant pas trop perturber la circulation sur cette route relativement bien fréquentée. Je m’arrête enfin et, grâce au site cartedepeche.fr, prend une journalière à la Biennoise en moins de 10 minutes (cette possibilité est une vraie belle réussite pour les opportunistes comme moi, bravo la FNPF).
Il est 11h30 et me voilà sur les bords de cette inconnue légendaire, une première pour moi. Je vous passerai les détails mais quelle découverte !! Par moment, la cadre me faisait penser à la vallée de la Dourbie avec ces falaises brutes, puis au Dessoubre avec ses résineux partout et un peu à l’Ossau avec cette ripisylve parée de ce tapis de mousse omniprésent. Rien que pour cela, je ne regrette pas d’être resté. Jusque 16h, je ne verrai que 3 poissons dont un seul tenté qui je crois, a voulu jouer avec moi, m’ayant vu avant je pense. Je verrai de temps à autre une éphémère mais sans réelle éclosion au sens où nous l’entendons.
Puis, j’arrive à un tributaire. Placé en hauteur, entre les frêles arbres de la berge, j’observe un sacré fish qui tourne et maraude. Lentement, je recule, descends dans la rivière, me positionne et… rien, plus de poisson ! Dingue, je ne l’ai pas vu partir, pourtant, un beau gabarit. Au milieu de la Bienne, ça pousse quand même pas mal mais bon, je patiente, on ne sais jamais, si elle revenait.
Sauf que à une vingtaine de mètres, je discerne une bizarrerie ; vous savez ce drôle de sentiment où tu crois au gobage mais que tu ne sais si tu l’as imaginé ou pas. Je lutte avec de l’eau au-dessus du nombril, et m’avance vers cette illusion. Eh bien, ce n’en était pas une, un nouveau rond se forme, mélange de plaisir et d’appréhension. La belle est en fait calée contre la falaise, faisant le « dauphin » par de courts instants. Vous savez, ces mouvements étranges quand elles saisissent un petit voilier et que le gobage se termine par la vision de la queue.
Je passerai mon imitation à 15cm sans aucune réaction. La dérive est belle mais surpris. Bien entendu, j’attends une nouvelle aspiration. La Belle est toujours là, se trahissant à nouveau. Pensez bien avec de l’eau au ventre, je ne suis pas des plus à l’aise. Je retente, le passage se réalise à 5cm de la falaise et voilà que la zébrée se débat. Enorme, combat qui me verra presque chuter et remplir le waders mais j’arrive à sortir sur une zone plus calme. La Belle est maintenant glissée à l’épuisette, magnifique, d’un jaune surprenant ornée de zébrures « adidas ».
Je réaliserai une session magnifique avec 2 autres poissons hors normes pour mes secteurs habituels. Tous capturés en sèche, en moins d’1h30, je peux vous assurer que l’imprévu et l’opportuniste ne m’ont jamais autant ravi.
Un grand merci à l’AAPPMA de la Biennoise pour offrir un parcours d’une telle qualité. Même si effectivement, j’ai eu une énorme réussite et qu’il ne fallait pas grand chose pour rentrer trempé et capot, le parcours était superbe dans un cadre vraiment bien sympathique. Je souhaite vivement la pérennité de cette initiative où l’intérêt d’une vision durable de notre loisir permet assurément d’offrir des journées comme celle vécue même si cette dernière n’est certainement pas la norme.
Je suis remonté en Champagne avec un réel apaisement et un nouvel espoir pour l’halieutisme, merci.