3 semaines, c’est long, très long ! Les méandres de la vie suivent trop bien ceux des rivières, tantôt si proches, tantôt s’éloignant. Il est alors bon de savoir relativiser et savourer les quelques options, même si celles-ci ne s’ouvrent que provisoirement, en une fenêtre entre-baillée.
Ainsi, je pris la route direction la Charente et sa Touvre, rivière découverte l’année dernière. Après, les belles réactions des champenoises du mois dernier, c’est plein d’espoir que j’arrivais sur les berges de la camoche. Mais voilà, il faut savoir que la localisation et les qualités halieutiques de la Touvre, entraînent une fréquentation plus que concentrée et ce, même en semaine…
Alors, il faut savoir se poser sur un poste et attendre les moments d’activités. Enfin, je dis ça mais honnêtement, il est de bon ton de ne pas hésiter à les susciter. En effet, les eaux claires facilitent le repérage de nos salmonidés préférés mais attention, cela ne signifie pas pour autant qu’elles ne vous « sentent » pas.
En place depuis près d’une heure, je suis aux prises avec une mémère qui ne cesse de marauder. Elle apparaît quelques instants puis disparaît sans qu’aucune de mes dérives ne semblent l’intéresser. J’ai beau présenter une multitude de tailles, de formes et de teintes variées, rien n’y fait. Je me focalise alors sur une congénère identifiée un poil plus aval. Cette dernière est posée le long d’une renoncule et de temps à autre, se décale pour intercepter quelques délices.
J’allonge un peu de soie, choisie une imitation de confiance, et avec retenue, l’immersion s’effectue pour ajuster la présentation. Un mètre, un mètre cinquante, j’imagine ma nymphe louvoyer quand une ombre vient interrompre ma focalisation. Vous savez, cette sensation bizarre qui parfois, concentré sur votre geste, dérive et cible, vous en oubliez l’entourage. Était-ce la belle de l’amont qui persévère dans ses cheminements ? Bref, perturbé, je ne verrai pas la gueule blanche s’ouvrir et ce n’est qu’une tirée de soie qui me permettra de ramener une jolie 45. J’avoue, « chatteux » sur le coup !
La session continuera ainsi, à tenter quelques belles sans trouver LA nymphe qui saura faire mouche. Je parviendrai à en toucher 3 autres mais une sur l’animation d’une PT, une autre sur un célèbre gammare et la suivante, sur une émergente salivée. Bref, tâtonner, batailler, c’est quand même rageant mais trop bon quand une se fait surprendre et emmaillotée.
Bien entendu, entrecoupons les passages dans le dos, les plocs intempestifs de poissons nageurs, les interpellations du bord. Cela ne bloquera pas la levée d’une jolie éclosion de petits voiliers. Gourmandises que les grassettes ne manqueront pas. Là aussi, la sollicitation dont elles subissent, se fait bien sentir. Il n’y a aucun pardon sur les micro-dragages ou diamètre trop gros. Les voir monter puis redescendre, n’esquisser aucun mouvement sur tes passages, ou encore les observer avaler goulûment l’éphémère à 10cm de ton imitation, tout cela, ces satanées boules vous le font avec un certain dédain flagrant.
Cependant, il arrive qu’elles succombent et alors, elles savent utiliser leur corpulence notable pour vous motiver à rester concentrer jusqu’à la mise à l’épuisette. Descendre et les accompagner n’est pas chose aisée du fait de la présence proche des autres pêcheurs. C’est une certitude à avoir quand vous vous rendez sur le parcours. Trouver un spot sympa, le conserver et anticiper les éventuels combats avant même d’assurer la capture (si capture il y a…).
J’oubliais, vous savez, la belle du début, et bien, je ne pouvais l’abandonner sans un dernier échange et échange, il y a eu…