Dire que la pêche est agréable sur la Dordogne en ce moment n’est pas vraiment possible car ce n’est pas le cas. D’abord, il y a cette eau, des milliers de m3 d’eau glauque à la limite du turbide qui coule dans le lit trop étroit de la rivière, réduisant le nombre de postes pêchables à leur portion congrue. Puis il y a cette eau qui tombe du ciel en abondance sans vraiment discontinuer et qui immanquablement finit par tout mouiller des mouches aux habits. Et enfin, il y a cette eau qui vient de l’intérieur, ces sueurs froides qui s’épanchent à chaque mouvement délicat dans l’eau, à chaque pas dans les passages glissants qu’il ne faut surtout pas rater sous peine d’une sanction immédiate et suprême. Puis une fois les goulets délicats passés à la limite, il y a cette transpiration causée par l’effort pour tenir dans le courant. Mais à condition d’accepter ces sacrifices et ces risques, la saison aidant, il est possible de trouver quelques gobages gras de truites comme quelques museaux d’ombres suceurs de sulphures. Il faudra qu’un jour on m’explique pourquoi, quel que soit le niveau, les très gros ombres sont toujours eux aussi à la limite. Que l’eau soit basse ou haute, il faut toujours s’avancer au maximum, de l’eau sous les bras et shooter le plus loin possible pour faire monter ces poissons à la dorsale monstrueuse et s’apercevoir que de si loin, il est impossible de les ferrer. Le temps de la bonne saison pour la mouche passe un peu plus chaque jour avec des eaux hautes et une rivière difficilement pêchable, mais à la limite, faute de mieux, on s’en contente pour le moment. Fred