anti paresse

12 juin 2009

19 - Corrèze

Dordogne

cérou

Vous vous souvenez de la jolie news d’un certain C. D. qui l’autre jour évoquait l’attente rêveuse du pêcheur, son coin tout calme près des pâturages et la Dordogne de toujours qui glisse sous les chênes. Et puis le pêcheur, alerté par l’imperceptible, qui s’écarte légèrement de la berge: on imagine quelques faux lancers discrets, le leurre presque immatériel ne touche l’eau que quelques secondes et le poisson est là.. Eh bien moi, je prends le contre-point de ce récit, en évoquant la pêche de forçat à laquelle je me suis livré ce WE sur le no-kill d’Argentat. Des ombres présents, mais pas fous pour autant, de l’eau qui éclate ou au contraire un fugace sillage pourpre, des poissons régulièrement actifs qui vous tiennent éveillé mais impuissant. Celui-ci a pris quand je répondais aux passants dans mon dos; celui-là a certainement aspiré un machin inconnu si proche de mon CDC tout neutre; et ceux qui laissent passer la mouche pour la prendre à l’envers: le ferrage étudié aval leur enlève la bouchée ! Des heures de fièvre heureuse, un hémi coup de soleil qui me fait envisager d’attaquer le lendemain depuis l’autre rive si d’aventure les ardeurs solaires étaient les mêmes que la veille… Las, il fera moins beau le dimanche, et la brume de surface viendra trop tôt perturber les débats. Quoique, au vu de l’ampoule qui gonfle dans ma paume droite, je me dis que le Stakhanov de la PALM que j’ai été pour deux jours n’aurait peut-être pas tenu beaucoup plus. J’ai souvent pensé à toi, Christophe inconnu, avec mes heures cumulées de navigation d’artificielles à fleur d’eau comparées à tes secondes essentielles, mon coin d’herbe à l’aspect douteux au droit d’un mur en regard de ton siège moussu, mes colverts grassouillets faisant le pendant des limousines que tu as vues et mes algues brunes près des quais si loin de l’eau blonde de l’aval… J’ai quand même touché de beaux lingots d’argent (ainsi que nomme les ombres un poète limousin), combattu leur vigueur dans les courants aux renoncules traîtresses, soupesé leur abandon temporaire dans ma main. La prochaine fois, je serai moi aussi quelque part sous les chênes, ou à l’ombre d’un grand charme, là-bas…

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