Le gros coup de vent de sud-ouest m’a bien agité dans mon lit cette nuit. Ce matin, la Dordogne reste bien haute pour y voir des gobages et la nymphe lourde ne m’inspire pas. Je me dis que j’irai bien donner un coup de plumeau dans l’après-midi sur un étang. Arrivé sur place, le vent souffle toujours tiède et fort, les vaguelettes mourant le long des herbettes font entendre un doux clapotis trompeur. Mon plumeau jaune et blanc va bien se faire pincer et engloutir sur les marges des hauts fonds par des brochets réactifs. Tout au long de l’après-midi, je ne verrai aucune chasse. Pas d’attaques en surface comme en été mais des accrocs comme si je me prenais au fond. J’en décroche un, plus aérien que les autres et surtout, j’admire une belle femelle qui engloutit ma mouche sur la première tirée en laissant voir au préalable sa queue tigrée émerger! je respire un bon coup et je tractionne fermement: à l’autre bout ça secoue comme on aime. Le moulin donne un peu de fil au bon moment. La moitié du brin d’acier dépasse des mâchoires et pas de mouche en vue… Stupido! Ma pincette est bien sûr restée dans mon coffre. Je laisse la bête bien au calme , la canne bloquée derrière une botte d’ajoncs. Il faut rester détendu, revenir à pas feutrés pour ne pas déclencher une réaction brusque de l’animal, reprendre le fouet et Big Nasty est toujours là. Le crochet est piqué dans la langue et sans ardillon c’est un plaisir de ne pas avoir à le violenter. Sur le fond composé de débris végétaux en décomposition, le poisson est à peine visible. Je saisis doucement le gouvernail et je sens dans mes doigts les muscles du poisson. Une ondulation plus ferme de ta part et tu glisses vers l’eau sombre. A la prochaine … Mon plumeau va devoir se faire cloner…