Comme une envie de solitude.
La pluie est arrivée en même temps que moi sur les bords de l’eau. Le niveau est exceptionnellement bas pour la saison. Une occasion unique d’aller présenter mes voeux à la Belle.
Pour être tranquille je décide d’aller pêcher les abords de l’île aux cochons. Comme il faut marcher pour gagner cette zone, je suis certain de ne trouver personne si ce n’est quelque sanglier très fréquent dans le secteur.
Sur environ un kilomètre de berge, il y a 5 postes à brochets. Le niveau est parfait sur le premier mais ma nouvelle soie à pointe intermédiaire ne fait pas assez couler la mouche. Je change donc de canne pour passer en plongeante. Je teste aussi de nouveaux prototypes de mouches. Lors du premier passage dans le contre du remous je sens une lourdeur. Le ferrage réflexe ne me permet que de ramener une branche. J’aurai pourtant juré avoir pris une tape.
Deuxième lancer, deux tapes. Le fond, des branches ? Troisième lancer, nouvelle tape à vide suivie d’une attaque franche. Mon premier poisson de l’année.
Après la traditionnelle photo, je décide de rejoindre les postes à l’amont. Je cache ma deuxième canne sous un tronc et le voilà parti pour 600 m de marche sur des galets glissants. Une petite éclosion fait lever le nez de quelques ombres, de nombreux oiseaux piscivores décollent à mon approche. Sur une cassure un gratté très étendu témoigne de la reproduction des truites… Bref la Belle grouille de vie.
L’eau est un peu basse pour le poste deux mais je le prospecte quand même. Je suis très satisfait de la nage de mes nouveaux streams articulés mais comme ils sont longs, ils tirent quand même outrageusement sur la canne. Il faut que je me calme sur les lancés sinon je vais finir par rincer le peu de nerf qu’il reste à ma vieille nano titanium. Cela ne faisait pas deux lancés que je m’étais fait cette réflexion que l’horrible bruit du carbone qui se fracasse à retenti dans la vallée.
Une vilaine fracture de fatigue à l’endroit où la canne travaille le plus à un tiers de la longueur en partant de la pointe. Le blank à explosé en de multiples éclats. Une belle mort au combat pour cette valeureuse canne qui m’accompagne depuis de très nombreuses années et qui m’a permis d’attraper mes plus grosses truites au streamer.
J’en suis quitte pour me taper 600 m pour changer de canne. En pure perte car je ne toucherai rien de plus. Et c’est au chant d’un couple de grand ducs amoureux que trempé, je regagnerai la voiture à la nuit noire.
Une nouvelle année de pêche qui commence avec son lot de joies et de peines.
Fred
