C’était mercredi dernier, les affaires dans le coffre, l’envie de loin alors que la nuit tombe encore tôt. Je m’arrache du boulot direction la Bienne. Toujours la même excitation primale quand la longue ligne droite qui longe le no kill déroule et toujours la même appréhension de voir plein de voitures… Je suis seul au parking si connu mais je me rends rapidement compte que d’autres pêcheurs officient plus haut et un autre sorti de nulle part pêche en face de moi (belle qualité de discrétion). Je longe les bordures vides de poisson. Devant moi, quelqu’un, et merde, j’aurais vraiment fait des bornes pour rien. En réalité il s’agit du président de la Biennoise, à la recherche comme moi de quelques poissons, mais les mains dans les poches. Nous avons longuement discuté du bilan de santé de la rivière. La suite, il faisait presque nuit, le temps de faire fuir un monstre dans mes bottes, et de m’accrocher dans un rocher à l’amont duquel un beau gobage se manifesta … bref la routine. Il n’empêche, j’ai vraiment apprécié de partager quelques instants avec un fou amoureux de sa rivière, et dans le même temps je suis reparti le coeur un peu gros, l’agonie lente de ce cours d’eau fait de moi le spectateur de ses derniers soubresauts… Le compte rendu des mesures de biomasses fait frémir, la rivière n’est que l’ombre de ce qu’elle pourrait être alors que le potentiel est évident. Petit et très modeste hommage à l’engagement et au courage de ceux qui ont la vision claire depuis tant d’années et qui continuent à se battre…
