Le temps est orageux en cette fin d’après-midi, il est 17h, je cale la voiture au petit parking ombragé habituel, c’est ma première sortie de l’année sur ce parcours que j’apprécie tant. J’ai hâte… Comme d’habitude il n’y a personne, une fois de plus je ne croiserai pas un pêcheur dans cette magnifique vallée. Le boulevard Haussmann de la pêche à la mouche, c’est certain, ce n’est pas ici. Préparation ultra-rapide, du genre saut à pieds joints dans les waders, montage de canne en 2 temps trois mouvements, je dévale la centaine de mètres de pente qui me sépare de la rivière comme un cabri, en pensant que je ferai moins le malin en remontant… Arrivé au bord de l’eau, surprise, il y a de l’eau ! L’orage de la veille a fait son effet. le niveau est celui des débuts de saison, j’en suis ravi pour nos chères truites locales. Il est tôt encore, le soleil plombe encore sur l’eau, je décide d’arpenter le petit sentier « branchu » qui borde le parcours afin de visualiser les secteurs que je commence à bien connaître. Tout est parfait pour un coup du soir, pas encore d’éclosion ni de gobage sur les lisses, mais ça ne saurait tarder… Je redescends le sentier vers le début du no-kill et je choisis un petit lisse d’une demi-douzaine de mètres de large pour débuter ma partie, je pose mes fesses sur une des énormes roches typiques du Sidobre, je scrute l’eau en attendant, profitant de ce bonheur simple tellement rare pour moi ces derniers temps. Le soleil disparaît peu à peu derrière la montagne, le spectacle va commencer ! Ca ne tarde pas, incroyable éclosion de sulfures, c’est la première fois que j’en vois une massive comme ça sur ce parcours. Aussitôt les gobages se manifestent, visiblement, elle se délectent des émergentes. je scrute ma boîte à mouches et vois avec le plus grand plaisir que j’avais récupéré lors d’un échange Gobages une émergente de sulfure tout en CDC jaune canari!(comme quoi c’est une super idée ces échanges !). Ni une ni deux, accrochée au bout du bas de ligne je prends mon temps pour choisir et croyez-moi, ça ne m’est pas souvent arrivé de pouvoir choisir le gobage que je vais attaquer ! Premier lancer, passage correct, pendue ! Une magnifique petite locale d’une vingtaine de centimètres viendra me saluer avant de repartir au plus vite rejoindre les fonds. Je sèche ma mouche, nouveau lancer, dérive, gobage, c’est sa petite soeur… J’aurais le plaisir d’en accrocher 6 dont la plus grande dépassera les 25 cm, la plus petite avoisinera les 18 cm sur une trentaine de mètres parcouru. J’en raterai un wagon et en décrocherai quelques-unes, mais ça n’a pas d’importance, je viens de vivre une demi-heure exceptionnelle ! L’éclosion s’est calmée, les gobages aussi, je décide d’avancer plus en amont sur un lisse que j’affectionne et sur lequel j’ai déjà eu pas mal de succès. Je ne vois pas de gobages en arrivant, je décide donc d’attendre calmement que ça bouge. Posé derrière un rocher au milieu de la rivière, je contemple la beauté des lieux devant moi (voir photo), me délecte du calme ambiant et de ce chaud début de soirée. La marque de l’eau sur les rochers m’indique que le niveau a bien baissé d’une vingtaine de cm dans la journée, l’orage a dû être violent dans la nuit, et le barrage en amont a fait son office. Ne voyant rien venir, j’accroche ma fétiche du secteur au bout de ma pointe (tag orange type ATE) et commence à prospecter les contours de rochers. Les demoiselles du cru seront clémentes, elles prendront ma mouche à 4 reprises, toutes aussi jolies les unes que les autres de leur robe brune typique. Je continue ma balade en pêchouillant par-ci et par-là, en relâchant encore 2 petits poissons. Il est 20h, je retourne à la voiture crevé par la remontée, mais surtout heureux de ces quelques heures de pêche apaisantes et régénératrices… J’ai une pensée pour Thierry, un amoureux du secteur qui m’avait fait connaître ce parcours, qui est décédé il y a 2 ans. Je ne pourrai le remercier à la hauteur de ce qu’il m’a fait découvrir. Les 2h de route pour rentrer à la maison se feront tranquillement le sourire aux lèvres, béat de bien-être. Une revoyure s’impose d’ici la fin de la saison ! Au plaisir…