Bonjour Je suis Suisse, originaire de Genève et pêche la Loue (uniquement en mouche sèche) depuis les années 1960. A cette époque, malgré les rejets directs de déchets ménagés et organiques dans la rivière, la population de truites et d’ombres était importante. Après la fraie des ombres, il y a toujours eu une certaine mortalité (variable suivant les années), mais rien de comparable avec les années 2009 et 2010. Par contre, il était rare de voir des truites malades ou mortes. Déjà à l’époque, Il fallait utiliser une à deux queues de rat par saison pour pêcher en mouche sèche (problèmes de flottaison). Ce phénomène démontre que la détérioration des lignes flottantes, était déjà due à des problèmes de qualité de l’eau. Aujourd’hui, la pollution a empiré du fait de l’augmentation continuelle de la population et de l’utilisation intensive des engrais et des pesticides dans l’agriculture. Les prélèvements d’eau dans les nappes phréatiques ont pris des proportions inquiétantes, ce qui influe le débit de la rivière. Les stations d’épurations ne retiennent que certains résidus polluants, et rejettent à la rivière une eau non oxygénée, sans sels minéraux, à une température anormalement élevée, qui a pour conséquence de modifier le biotope de l’eau. Ces modifications, sans parler des différents produits pernicieux qui passent directement au travers les stations d’épuration ou qui se déversent directement dans l’eau (médicaments, antibiotiques, pesticides, etc…) provoquent des troubles irréversibles, qui font lentement disparaître les résidants de la rivière, en commençant par les invertébrés qui constituent la nourriture de base des poissons, qui disparaissent à leur tour vaincus par la maladie. Ces cinq dernières années, j’ai vu une diminution spectaculaire des plécoptères (grande perle). Sa larve, qui vit en moyenne 3 ans dans l’eau avant de devenir un insecte parfait, est un des invertébrés les plus sensibles à la pollution. Si des décisions ne sont pas prises rapidement pour améliorer la qualité de l’eau, cet insecte disparaîtra définitivement de la rivière et par la suite d’autres insectes, et finalement les poissons. En Suisse, nous avons également vu la disparition de plus de 50 pour cent des salmonidés de nos rivières ces 20 dernières années. Dans la région genevoise par exemple, les plécoptères et les mouches de mai ont disparus depuis une trentaine d’années. En conclusion, l’augmentation continue de la démographique et de la productivité matérielle qui en découle, n’améliorera certainement pas dans l’avenir la qualité des eaux de nos cours d’eau. J.B.Schopfer