Sur ce lisse découvert, des ronds sur l’eau se forment en ce début d’après midi brumeux. Quelques ombres se dévoilent, dont un splendide spécimen malheureusement pas photographié. Au milieu des champs les bras de la Moselle se séparent et se rejoignent et les veines puissantes poussent les dernières feuilles jaunes entre deux eaux. Les bovins paisibles, l’aigrette garzette, les poissons… Pas un souffle de vent pour troubler les lancers huilés, les dérives impeccables sanctionnées par un rond discret suivi par un combat vif dans cette eau froide et foncée. Le ciel bas pèse, les cris du geai résonnent, des remous se forment sur les bordures. L’espace est empli par la grande rivière aiguillée par ces talus de galets lisses et de terre brune. Il ne fait pas froid aujourd’hui et nous pêchons à la mouche. Le niveau est idéal, l’échine de porc savoureuse, l’eau glacée. L’île se découvre et un train passe au loin, voyageurs inconnus vers l’inconnu. Les migrateurs filent tout là-haut et les oiseaux noirs vont revenir. S’il ne pleut pas, l’arrière saison pourra encore se prolonger pour notre plus grand bonheur…
