Cela faisait un bout de temps que je n’avais pas pêché avec mon pote de pêche de toujours, avec lequel on a commencé à pêcher ensemble à l’âge merveilleux ou rien n’existe d’autre que l’immédiateté du bonheur. Je passe donc chercher Nico chez lui et nous voilà partis pour les Vosges et la moyenne Moselle.
Le traditionnel achat des pâtés lorrains à la boulangerie est suivi du stationnement de la voiture en bordure d’un champ qui sent le foin coupé. Il fait doux, gris, et le vent n’est pas assez fort pour être embêtant. J’aime toujours autant ce moment de préparation, le coffre ouvert, à monter sa canne, visser le moulinet, passer la boucle de soie dans les anneaux, étendre et vérifier son bas de ligne, choisir une mouche, lacer ses godasses… L’été, j’évite le waders et mets un pantalon de rando et des chaussons en néoprène dans mes chaussures de wading, c’est très agréable.
Polas sur le nez au vent, nous descendons le talus et commençons la pêche sur quelques gobages qui s’arrêtent après qu’on soit rentrés dans l’eau pour les attaquer. Nous remontons la rive, puis sur un accès en amont, je suis vigilant car je connais une retourne dans laquelle j’avais repéré un beau poisson la semaine dernière. Bingo, j’aperçois une truite que j’estime pas énorme, puis rapidement elle disparaît de mon champ de vision. La prolifération des renouées asiatiques combinée au manque de luminosité et au fond sombre fait qu’il est quand même particulièrement difficile de pêcher à vue. Quelques longues secondes s’écoulent, puis le poisson réapparaît plus proche et plus gros. Il ne m’a pas vu, je dis à Nico qui est derrière moi de ne surtout pas faire un seul geste (il n’a pas de polas et ne voit absolument pas la truite). Un petit coup d’arbalète, la nymphe cuivre perce doucement la surface à trente centimètre de la truite qui s’avance fermement pour l’engamer. Je ferre et saute tout de suite au bord de l’eau pour avoir de l’espace, le combat est vaillant mais la pointe du bas de ligne est neuve. Ma fidèle canne ICT montée par Bertrand (alias Traine-Bûche) associée au moulinet JMC Gamma fait parfaitement le job. Je remercie Nico pour la mise à l’épuisette et les photos de cette très belle truite.
Dans l’après midi, je prendrai 3 gros ombres en sèche, malgré une absence totale de mouches et de gobages. En pêchant l’eau dans les courants qui dévalent à la vitesse d’un homme qui court, dans une profondeur d’un bon mètre, les gros ombres sont montés en faisant des gobages rageurs. Ces sublimes poissons aux proportions parfaites sont en pleine forme, et je ne lasserai jamais d’admirer leur fier étendard déployé en un voile rouge, bleu et violet.
Cela fait d’autant plus plaisir de pêcher sur un parcours en réciprocité interfédérale, et je remercie les AAPPMA des Vosges qui jouent le jeu !
