Les cygneaux m'avait indiqué le spot. Une queue d'étang, troublée par le frai des brèmes et par les Caterpillar qui jouent à faire des châteaux de sable. Le plan d'eau était déjà réveillé à mon arrivée. Les brèmes batifolaient en frayant, les libellules ne libellaient pas, le taureau était couché sous l'arbre de l'autre côté, tranquille à l'ombre. La petite famille de cygnes voguait doucement du nid aux roseaux, les corbeaux, quand à eux, étaient juste là , comme d'hab'. Une petite nymphe imitant une écrevisse nouée au bout d'un bas de ligne raccordé à une soie de 7, propulsée par une canne de 10 pieds tenue par un pêcheur suant, s'est pas mal baladée dans cette anse. Faut dire qu'il y avait du monde en dessous. Des groupes de carpes, ces beaux poissons bronzés, superbement larges, profilées d'écailles saillantes, patrouillaient consciencieusement sous la surface ou en bordure à la recherche de trucs comestibles à se mettre sous le barbillon. Notre amie travesti d'écrevisse fuse, et vole, et plonge dans toute cette vie bouillante. Soudain, c'est le drame, l'apocalypse, l'eau explose, le carbone crie, la soie hurle, les battoirs sont dehors et adieu Berthe. La lutte est délicieuse et longue, la nuque brûle, l'entrée dans l'eau en basket est évidente. Le gros cyprin est tout bronzé, il ruisselle de gouttes d'or, muet. Nonchalant, il regagne les herbiers dans l'eau boueuse. Salut la tortue ! Ciao les cygnes. Adios le taureau, plus serein que moi qui, pour rentrer, suis flemmard pour faire le tour et longe la berge les fesses serrées fixant l'animal de tous mes yeux (j'en ai deux). Aaaaah que ça fait du bien !