La bûche de chêne placée dans mon poêle diffuse une chaleur douce. Placé sur la pile des revues qui traine non loin, un playboy bronzé exhibe un bonefish grand comme ça pris avec une mouche de catalogue. Ce n'est pas compliqué la pêche à la mouche… Mais l'idée de passer la journée au coin du feu à pêcher par procuration ne m'enchante guère. La neige qui traine encore à coté de la voiture au nord de la maison m'indique qu'il faudra être prudent sur la route. Car dans la vraie vie, les choses se passent rarement comme sur du papier glacé. Pourquoi quand on va à la pêche, la soie ressemble à un tire bouchon bien raide faisant des noeuds à la moindre occasion? Pourquoi les poissons gobent toujours à la limite de la distance de lancer? Pourquoi s'arrêtent-ils de monter dès qu'on s'approche d'eux? Pourquoi les plus gros sont dans des postes accessibles uniquement en mouillant l'étiquette des waders? Pourquoi une ronce vient attraper la mouche dans son dos alors que le roulé parfait allait enfin atteindre son objectif? Pourquoi les poissons refusent le 12 centièmes et cassent en 10? Parce que t'es pas dans une revue mon gars. Dans la vraie vie, on a mal aux muscles à force de lancer les bras en l'air, on a toujours une fuite à l'entrejambe pour mouiller ses sous vêtements comme à son plus jeune âge, l'eau est froide et mouillée, on ne sent plus ses pieds au bout d'un quart d'heure dans l'eau, on finit toujours par manquer de mouche sèches à force de prendre des poissons, on grelotte tellement à la nuit qu'on ne peut plus enfiler le fil dans l'oeillet et on a du froid dans les doigts. Mais dieu que c'est bon d'être libre et de se sentir vivant. Fred