Tous commença le dimanche 29 mai : je trépignais d’impatience d’essayer ma nouvelle canne à mouche, que je venait de recevoir à l’occasion de mon anniversaire : une « fly 700 titanium ». Malgré l’appel du bureau (eh oui je prépare mon bac de francais), je contactai mon amis moucheur (AeC63cm), avec qui nous avons l’habitude de concocter des plans de pêche « foireux » comme nous les qualifions pendant nos instants de plaisanteries. Apres de longues négociations avec nos parents respectifs, je consultais les horaires SNCF et préparais frénétiquement mes affaires pour le lendemain, en finissant par boucler deux énormes sacs (c’est que les waders prennent de la place !!). Je réglais ma sonnerie pour 4h30, et essayais de m’endormir : je me tournais et me retournais harcelé par les eaux. Je finit par me réveiller en sursaut après avoir décroché un saumon, pour me rendre compte qu’il était déjà 5h08. Je dégringolais les escaliers furieux, en attrapant deux bananes pour assurer ma survie, et commençais chargé comme un mulet à me traîner jusqu’à la gare. Une fois dans le train, j’ai passé tous le trajet jusqu’à la prochaine correspondance à chercher le contrôleur pour acheter mon billet (je n’avait pas eu le temps de le faire en arrivant). Dès le wagon stoppé, il me restait exactement 3 minutes « top chrono » pour rejoindre AeC dans le prochain train. J’ai donc piqué un sprint dès l’ouverture des portes, manquant de rester accroché avec mon chargement…Ce jours là, on du voir à la gare de Molsheim, un individu chargé de deux sacs de rando et d’un fourreau suspect, courir comme si sa vie en dépendait…. (il faut dire que depuis se jours traumatisant ou j’ai dû sauter d’un train qui redémarrait, ça ne rigole plus). Ce n’est qu’une fois arrivé que j’exposais à AeC le problème de la nourriture qui viendrait inévitablement à manquer : Heureusement ma tante ne résidant pas très loin, je trouvais à me ravitailler. L’espoir revînt, et nous partîmes enfin vers la rivière pour ne commencer à pêcher qu’à 7h10… C’est là qu’on se dit: « vivement le permis !! » La Bruche ressemblait hélas plus à un torrent de boue qu’à ce que j’espérais dans mes rêves : je pestais contre cet hiver qui visiblement en Alsace tarde à s’en aller. Je pêchais quelques minutes en nymphe au fil puis aperçus dans un plat formé par un petit barrage, juste sous la frondaison, deux poissons qui gobaient. Je descendis le mur rocheux sans les quitter du regard manquant de me précipiter à la baille . Les mains tremblantes je fixais une petite araignée ressemblant approximativement à ce qui volait et immédiatement après avoir déployé mon bas de ligne, je ferrais une petite fario qui repartit vivement, puis une arc en ciel 2m plus loin un peu plus conséquente… C’est à ce moment là que je vit ma boite à mouche glisser de ma poche et se diriger tous droit dans les rapides. J’étais sur une petite élévation en béton recouverte d’eau, tenant ma canne d’une main et de l’autre tentant de rattraper ma boite. Finalement j’eu beaucoup de chance ; car après une course poursuite effrénée, AeC finit par me la ramasser près du bord, pendant que je finissais de sortir ma truite. Celle ci n’était pas bien grande, mais j’étais content qu’elle est survécue depuis l’ouverture. Je la relâchais donc dans l’espoir qu’elle grandisse un peu. L’averse faisait rage après une matinée sous un ciel menaçant. Je me risquais seul cette fois (AeC dû rejoindre son cours d’svt) dans des coins que je ne connaissais pas. Apres une lente progression dans une jungle d’orties et de ronces, je tentais de me mettre à l’eau : la berge descendait à pic dans l’eau troublée : j’y risquais malgré tous mes waders, là ou un trou dans la barrière végétale me le permettait. Je descendis prudemment sans sentir le fond. Je finis quand même par tenir sur la pointe des pieds pour ne pas détremper mon sac. J’avançais lentement plaqué contre la berge pour échapper au courant. Chaque racine, chaque branche m’était d’une aide précieuse. Tantôt nageant, tantôt marchant, je décrétais que le niveau d’eau semblait toujours être le même, sinon pire. Je cherchais donc une issue dans la barrière de balsamine me faisant face, pour quitter cet endroit maudit. Apres ce qui pourrait s’apparenter à de l’escalade, (qui a dit que la pêche n’était pas un sport ?) je revînt en territoire connus…mais le moral au plus bas ! C’est alors qu’en traversant le pont de Dinsheim, j’aperçus quelques gobages inespérés. Je me jetais à l’eau un peu plus en amont pour les rejoindre discrètement : je fixai une mouche sèche en poil de lièvre qui n’eu pas de succès, sauf un petit ombre décroché après une jolie chandelle. Ne voyant pas dequel insecte était constitué le repas de ces messieurs, je proposais au hasard une fourmis noir. Peu de temps après, je distinguais la prise de ma mouche dans l’onde brouillée par la pluie… …Quel bonheur de sentir ces perles d’eau fraîche ruisseler sur mon visage. Régulièrement, le soleil venait percer l’épaisse couche de nuage de ses rayons, illuminant la scène : le premier ombre vînt à l’épuisette. Finalement six ombres firent honneur à ma mouche. Après cette journée passée entre ciel et eau ,je rentrais trempé, épuisé, mais heureux… Palmer