Il est déjà loin le temps où je partais avec mon vieux 103 à pédales, trop vieux pour monter les cotes sans l’aide de mes mollets d’adolescents. En wadder, avec ma Décathlon sur le dos personne ne pouvais m’empêcher d’aller passer de nombreux après-midi et faire de nombreux coups du soir à tes cotés.
Rivière de mes débuts, de mes galères, et aussi de bien belles joies seul ou partagées avec les copains.
Bien sûr maintenant je te fais beaucoup d’infidélités, mais je reviens inlassablement, et plusieurs fois chaque année, essayer de t’emprunter pour quelques secondes tes petites merveilles. Alors bien sûr, je vois bien que tu ne m’aide pas trop, tes buis happent rageusement mes mouches et ne les relâchent pas, mon fil est souvent trop gros pour faire illusion ou trop fin pour ne pas céder à mes nerfs encore parfois trop vifs, mais je ne t’en veux pas, car je suis bien juste là à t’écouter chanter.
Et puis je sais bien que de temps à autre, quand le pas de plus n’est pas le pas de trop, quand le bas de ligne se pose avec souplesse, quand la mouche suit avec grâce et quand la dérive semble ralentir au point de s’arrêter, la belle postée là, à l’affut de sa proie, n’a plus d’autre choix que de se saisir de la mouche et si alors le ferrage est doux et « templé », tu sais te montrer bienveillante avec moi et m’offrir ces rares moments.
Attends-moi petite Arros, je reviens bientôt…