Samedi dernier c’était l’ouverture du brochet. Je ne devais pas la faire… Et pourtant en début d’après midi, ma femme me dit qu’elle va faire une sieste et mes filles sont déjà entrain de dormir. Je décide de prendre la voiture pour aller voir le niveau de la rivière afin de faire un peu de repérage pour ce qui devait être mon ouverture ce matin. J’ai une petite heure devant moi. En arrivant sur place je ne peux résister à l’envie de pêcher un peu. J’ouvre mon coffre… Merde j’ai oublié ma canne à brochet dans la précipitation!.. mon moulinet est là garni de soie n°8, j’ai un beau Diver dalberg qui ne demande qu’à aller se promener dans les nénuphars, mais comme canne je n’ai que ma Scott 8,6 ‘ soie de 4… la poisse. Comme s’est une action de pointe j’enfile quand même le moulinet dessus et je fais quelques lancers. La mouche est légère alors le tout fonctionne sans problème. Et s’est parti d’un coup, au troisième lancé… une masse énorme se jette sur mon streamer..c’est du lourd, du très lourd qui vient d’engamer!! la soie défile à vitesse grand V, j’ai juste le temps de régler le frein afin de le travailler au moulinet. Ma canne est pliée à mort mais reste efficace. Moi je tremble comme une feuille, je suis sûr de tenir un monstre au bout de cette canne à truite! C’est la première fois de ma vie que j’assiste à de tels rushs, le brochet me prend des dizaines de mètres dans des accélérations folles….J’ai même peur que ma canne se casse nette… Cela fait 10 minutes que le manège a commencé et je ne l’ai toujours pas aperçu. Je sens ses coups de têtes dans mon avant bras qui déguste sec.. Et puis le voilà qui arrive en surface… bordel, il est énorme… il dépasse le mètre ça ne fait aucun doute!..il repart avec une chandelle en prime, la gueule grande ouverte, il est superbe! il essaye de rejoindre le paquets de nénuphars qui se trouve à une vingtaine de mètres mais à chaque fois j’arrive à contenir sa fuite… il se fatigue maintenant, il est de plus en plus en surface malgré quelques coups de gueule et de plongées rageuses. Je le tracte une première fois vers moi. Mon APN est en bandoulière alors, comme si j’étais sûr que j’allais perdre la partie, je le prends en photo. La voici en pièce jointe, elle n’est pas terrible car il n’y a pas d’échelle pour se rendre compte de la taille (si ce n’est le fil fluocarbone de 60 ème qu’il a dans la gueule) mais je suis persuadé qu’il fait bien 1,10 m… Il est tellement gros que je ne sais pas comment je vais arriver à le soulever. Il va bien falloir que je teste la prise en dessous des ouïes car ma main est vraiment trop petite pour sa nuque… C’est un monstre je vous dis… Au bout de 25 minutes il me semble bien fatigué, je tente une première approche, ma canne se plie un peu plus et le voilà qui arrive à portée. Je ne peux l’échouer car il est dans un bon trou d’eau, moi je ne peux pas bouger de mon poste et en plus je ne peux pas descendre dans l’eau étant en bottes (une petite virée au bord de l’eau pour aller voir… tu parles!…) Je me dis que je tiens mon exploit sur cette canne légère et je me vois déjà la satisfaction de le remettre à l’eau (n’en doutez pas, je m’étais juré de le relâcher, comme pour tous mes poissons, quelque soit sa taille). Il arrive près de moi, je me baisse et je tends ma main. Un coup de tête, un « clac » sec! Je me rends tout de suite compte que cela vient de casser… j’essaye de l’attraper mais bien qu’il reste sur place deux secondes, je glisse sur sa peau, il donne un petit coup de queue et le voilà reparti tout doucement vers le fond… Et moi je reste là comme un con persuadé qu’il va remonter à la surface, c’est pas possible, ça ne peut pas se finir comme ça…Je n’ai rien dit pendant deux minutes, pas un mot, juste halluciné par ce dernier coup de théâtre… J’étais sûr de le tenir. Le fluocarbone est coupé net, pour moi c’est définitivement fini, je retournerai au brochet avec de l’acier désormais. Sur le chemin du retour, les larmes aux yeux je croise un pêcheur qui n’a pas du me trouver très bavard… « alors ça a donné? » « non j’ai juste manqué un petit » lui ai-je répondu … je ne me suis même pas arrêté pour discuter, j’ai ouvert ma voiture et au bout de 20 mètres j’ai poussé les cris les plus primaires que je n’avais jamais fais de ma vie… Ca s’est passé samedi, j’ai passé 24 heures à ne penser qu’à ça, à ne rêver qu’à ça. Et depuis j’ai les boules. Mais putain, que c’est bon la pêche du brochet à la mouche…