Voilà un mois et demi que la pêche est ouverte et si j’excepte quelques arc en ciel en réservoir et quelques farios sur la Sioule, Rien !
Aucune prise malgré plusieurs sorties sur ma rivière fétiche, le Pamproux, où je passe le plus clair de mon temps libre. Et pourtant, les belles sont là, l’une d’elle, sans doute mal courtisée, à refusé mon offre formulée à l’aide d’une superbe « vixoise » montée avec amour durant l’hiver. Une autre a recraché ma nymphe casquée avant que je ne réagisse. Une troisième s’est payée le luxe de lâcher ma nymphe et, trois minutes plus tard de se décrocher de la noyée qu’elle est venue quérir sitôt un posé délicat. Quant à la dernière, j’en rougis de honte tellement je me suis laissé surprendre ; elle a bien du rire en retrouvant sa cachette !
Et voilà qu’après un mois, le filet de mon épuisette n’avait toujours pas touché l’onde.
Comme un signe, entre un ouvrage terminé et un voyage imminent, j’avais quelques heures devant moi ce lundi après-midi et je me dis que si je voulais éviter la bredouille en avril, c’était aujourd’hui ou jamais.
Me voilà donc les pieds dans l’eau à scruter la surface en quête d’une éclosion. Ça commençait mal car malgré un soleil radieux et l’absence de vent, les insectes semblaient avoir déserté les lieux.
Placer à l’intérieur d’un virage, j’étais sur le point de monter une nymphe casquée quand, sur ma droite, à l’endroit où le courant se calme, j’aperçois à cinq mètres de moi, ce que l’on pourrait prendre pour les restes d’un gobage. Je m’accroupis aussitôt car s’il une belle est là, elle est obligée de me voir. Je surveille l’endroit tout en montant une « vixoise » puis je patiente.
L’attente sera brève, la belle est là, refait son gobage, discret, sans bruit, juste un effleurement, un baisers mortel dont je n’ai pas vu la victime.
Je suis surpris ; ici les truites ne se tiennent jamais à cet endroit, elles sont toujours en amont, en plein courant, au milieu de la courbe, ou en extérieur, sous les branches, en sortie de virage, là où elles ont le plus de chance de trouver pitance. Celle-ci est en poste à l’intérieur du virage et il m’est impossible de placer ma mouche juste en amont en raison d’un bois mort mal placé. Il me faudra jouer avec le courant et laisser dériver ma mouche.
Quelques lancés sont nécessaires à prendre la bonne veine et la belle me fait l’honneur de monter sur mon appât. Je ferre et constate qu’elle l’a refusé. Les tentatives se suivent mais la belle se montre indifférente. Je monte une « mouche de mai », elle n’a pas plus de succès ! Un petit sedge essuiera lui aussi un refus. Que lui proposer ? Je ne vois aucun insecte sur l’eau ! Je choisis de lui offrir une fourmi en me disant que si elle n’en veut pas, il me restera l’oreille de lièvre.
Je lance, seule la présence de mon bas de ligne m’indique que ma fourmi, cachée par l’ombre des arbres, est dans la bonne veine. La dérive est bonne, elle atteint l’endroit souhaité, quelques cercles discrets se forment à la surface, je ferre et sent immédiatement la résistance au bout de la ligne.
Le combat sera de courte durée, la belle ne fait pas le poids et elle rejoint docilement l’épuisette.
A l’examen, je comprends pourquoi elle ne m’a pas vu, son œil gauche est vitreux. Peut-être à t’elle déjà succombé à l’appel d’un collègue ?
Me voilà tout heureux de pouvoir enfin relâcher cette belle sauvage du Pamproux ; ce n’est pas un poisson trophée mais malgré ses 23 cm , il m’a mis du baume au cœur et il était Temps !