Je ne sais plus pêcher…

18 juin 2008

58 - Nièvre

Yonne

raphael

Je ne sais pas vous, mais il y a des moments comme ça où la loi des séries fait ses basses œuvres. C’est démoralisant et il y a aussi de vraies explications. Fini le temps des cinq, six voire sept jours sur sept à la pêche. Alors forcément, on perd la main et même, on devient mauvais !! Ca fait bien quinze jours que j’ai débarqué et je rate à moitié mes sorties quand je ne les foire pas complètement. Bref, aujourd’hui on va parler de l’Yonne puisque de toutes façon, la Loire est à bloc et le sandre à la tirette, sur Gobages on s’en fout. J’y suis allé la semaine passée : un peu haute et teintée. Résultats moyens, beaucoup trop de ratés, en noyée classique ou nymphe au fil. Deux p’tites truites passables, des truitelles et un ombre quand même. Hier, après un coup d’œil à la météo et au débit sur le net, je repars. C’est pas que c’était pas bon, ça aurait même pu être une très bonne après-midi. Mais j’ai merdé à fond. Oh, c’est pas le capot cinglant: une dizaine de poissons dont deux truites d’environ 28 cm, mais ça aurait pu être tellement mieux… Bref, j’arrive vers 16h au bord de l’eau, premiers passages en sèche avec un p’tit diptère noir car il y a quelques gobages: ratée!… Une autre un peu plus loin… Re-ratée! Ah! Enfin pendue, mais une vingtaine de centimètres seulement. Puis plus rien. Essai avec une oreille de lièvre : le désert Juste devant une branche, dans le milieu, avant une accélération du courant des gobages se répètent: je me place et fini par laisser ma mouche dans la branche. Je me recentre un peu mieux et noue une p’tite émergente à base de cul de canard (celle de l’échange de novembre il me semble): un ombre énorme engloutit ma mouche… Loupé! Puis deux autres poissons plus modestes se montrent, encore ratés. Bon, je me repositionne et passe en nymphe au fil car quand même, en une heure et demie, deux truitelles, c’est pas glorieux. Je peigne la veine d’eau ou un poisson gobe de temps à autre. Un tressautement du bas de ligne, une belle truite déboule et prend un mètre de ligne avant de se décrocher. Ferrée trop tard… Je sens des coups de nez, des tirées mais n’arrive pas à me mettre dans le rythme et je loupe tout… Bon, petit temps d’observation: il y a des gobages clairsemés, les p’tites merdes noires ne donnent pas terribles, les ORL et les CDC non plus et la pêche sous l’eau n’est pas franchement meilleure, ce qui est rare. On va essayer un gros spent brun-rouge puisqu’une zone de ralentis profonds en bordure de courant se présente et qu’il y a des grosses éphémères dans ces tons là. Ah! C’est la bonne mouche! Une truitelle, une deuxième, une de 23 ou 24… Un p’tit ombre loupé trois fois dans mes pieds. Puis encore quelques truitelles mais rien d’exceptionnel. Bon, on arrive en tête de courant et il y a deux beaux et longs amortis bouillonnants derrière deux grosses pierres. Je repasse en nymphe. Loupé! Re-loupé! Ca doit être des ombres… D’ailleurs en voici un gros qui se débat et la canne plie. Un coup de tête, il se décroche! On ne s’énerve pas, on continue. Gratouillis, ferrage et je sens le poisson qui s’échappe… Nouvelle coulée le fil s’arrête, ferrage: c’est lourd, très lourd et un beau reflet doré et violet se montre dans le remous. L’ombre engaine le courant… Décroché encore! Décidément, je n’y arrive pas, j’ai toujours un temps de retard sur les poissons. C’est d’autant plus vexant que j’arrive à les leurrer et à pressentir le moment où la touche va avoir lieu. Bon, on passe à une zone de petits courants chaotiques sous les arbres: une truitelle et enfin, un joli poisson, vif, coloré et gras. Epuisette, photo et zou, elle file. Ca me remonte le moral. Suivent deux ou trois petites et une vandoise. La soirée avance, il y a un beau pool à l’aval de ce qui devait autrefois être un moulin. A la jonction de deux courants, trois gobages se succèdent et je remets mon spent. Je prends la truite la plus à l’aval, assez jolie, un peu moins de la trentaine de centimètres. La deuxième doit être plus grosse, et la première un peu plus, c’est presque toujours comme ça quand des truites se suivent dans un courant: la plus grosse ramasse les proies en amont sur le meilleur poste, les autres attendent les restes derrière elle. D’ailleurs, la deuxième me casse… Et la troisième me fait un départ canon en pesant très lourd; je la bloque avant qu’elle ne rejoigne un tas de bois et elle se décroche. Il va faire nuit, plus rien ne bouge, je rentre… Dur d’être tombé si bas quand à une époque pas si lointaine, je sais que j’aurai quasiment tout pris. Le pire c’est que mes mouches sont bonnes, la technique pour tromper le poisson aussi, les lancers et les présentations impeccables puisqu’il y a plein de touches. J’ai eu un moment d’hésitation, pour remettre un indicateur mais non, il ne faut pas être faible. La pêche, c’est comme le reste, si on arrête l’entraînement, on devient mauvais. Si en plus on est un peu fatigué, c’est la catastrophe assurée. Grosse leçon d’humilité et déception, c’est ça la pêche. J’y retournerai la semaine prochaine.

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