Une fois de plus, c’est une très bonne journée sur la Menoge que m’offre ce mois de juin, probablement le meilleur pour pêcher cette rivière peu précoce. Les eaux se sont éclaircies et me permettent de toucher quelques poissons en nymphe à vue, mais la pêche des gobages et des postes en sèche est encore plus efficace et amusante. Chaque petit remous derrière un cailloux peut réceler une surprise, souvent grasse et combative. La journée est bien avancée et j’ai déjà remis à l’eau quelques jolis poissons quand une ombre ondulant sur le fond à quelques mètres seulement en amont attire mon attention. C’est long, peut-être plus de 70 cm, une grosse tête mais un corps très effilé, et je suis étonné de voir une truite pareille sur un poste aussi insignifiant et habituellement inoccupé, dans 30 cm d’eau en plein soleil. Une bonne cinquantaine de mètre nous sépare des premières souche et je reste donc en 12, troquant seulement ma sèche contre une hot spot. Difficile de louper un lancer comme celui-ci, pas d’arbres pour me gêner, et un courant rapide qui gommera l’impacte de la nymphe, pourtant j’ai les genoux qui tremblent. Premier poser, trop à droite, mais la belle fait l’effort de se décaler. Je compte jusque à 2 et ferre, puis c’est la furie, la soie qui me brule les doigts, la course affolée dans la rivière, et le relâchement dans la ligne… Le fil s’est erraillé sur les dents de la truite, et pêcher ensuite n’a plus la même saveur. Reste l’espoir de la retrouver.
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