Un petit tour en montagne avec lou Denis, autrement dit Flyliner, à la découverte des étangs du haut Vicdessos. De quoi me rajeunir un peu, puisque j'ai quelques photos des lieux du tout début des années 80 alors que les bulldozers « aménageaient » l'endroit où s'étale maintenant le barrage de Soulcem. La route s'arrête un peu au dessus du lac, et pour qui veut aller vers Médecourbe ou la Soucarrane, il reste quand même à marcher pas mal. Comme je ne sais pas ce que vaut ce Breton patenté quand on randonne en plein cagnard, je choisis d'abord Médecourbe et ses presque 2200 m, avec l'espoir de faire demain la boucle par l'étang aux fées un peu plus haut, plus excentré. Tout va bien jusqu'à l'approche des derniers pierriers sous Médecourbe quand les semelles des chaussures du compère se mettent à se décoller irrémédiablement ! Bien la peine d'avoir graissé et bichonné tout ça ! Le dessous du chausson a l'air solide mais est lisse comme une semelle de fer à repasser : attention les dalles mouillées et les dévers dans le gispet ! On finira tout de même par arriver à l'étang, planter la tente sur l'une des rares places herbeuses du site et enchainer par la capture des premiers saumons de fontaine qui croisent le long des bordures. Pas de problème pour séduire ces petits voraces, même une myrtille les passionne…
Bivouac au coin du feu, car on trouve toujours du petit bois dans les éboulis ; café sous les étoiles et grandes discussions quasiment philosophiques : l'ambiance particulière des nuits en montagne, quand tout est calme.
La question se pose le lendemain de savoir si, pour cause de pneus lisses on rentre tranquillement par le même chemin ou si on tente la traversée légèrement montante vers l'autre bel étang. Bien que ronchonnant un peu contre le sort, les fabricants de pompes, le granit, le gneiss, l'herbe, le soleil et l'eau qui ruisselle sur le sentier, lou Denis choisit d'aller voir si la fée bergère de la Soucarrane est aussi belle qu'il y paraît.
Un bel étang en tous cas, une eau bien plus limpide qu'à Médecourbe, mais des poissons encore plus petits… Il faudra un vent un peu soutenu qui ride la surface et le passage des premiers nuages gris de la période pour que la mouche qui flotte là-bas se fasse aspirer par autre chose que des poissons de 20 cm. Un omble de 30 cm pour lui, une belle casse pour moi…
La descente sera lente, le copain s'en sort plutôt bien : pas évident quand le pied peut glisser à tout instant, et comment expliquer à d'éventuels secours qu'on se balade depuis la veille avec des chaussures au pied dont les semelles se trouvent dans les poches du sac à dos, mais qu'on se soucie sans cesse de ces semelles assassines (répétez-le pour voir!)
Nous pêcherons au retour le plat où s'éparpille le tout jeune Vicdessos, prendrons force petites truites vives et retrouverons un parking bien déserté par rapport à la veille, sûrement à cause des prévisions météo qui annonçaient ce petit bout d'automne que voilà.