Mon plus gros

30 octobre 2009

19 - Corrèze

Dordogne

cérou

A peine arrivé au stop en bas de la côte, je réalise que j’ai oublié l’appareil photo. Tant pis, je ne monte là-haut que pour la journée, flemme de faire demi-tour, empêcher les chats de rentrer et tout et tout… Si j’ai de quoi écrire une news, je ressortirai une photo de l’automne dernier, et voilà ! Oui, je monte sur la Dordogne en fin de saison pour l’automne : chez nous en région toulousaine, les acacias et les platanes n’ont pas la flamboyance d’arrière saison que l’on trouve dans la belle vallée où les essences sont beaucoup plus diverses. Il y a les ombres aussi, bien sûr, mais si difficiles à trouver les jours où les gobages sont rares. De toute façon, la rivière me manque, ses galets ronds et l’odeur de mousse humide si l’eau est basse ; tout cela sera dans ma tête, et pas besoin de photos. Le niveau bas me permet d’aborder des coins où je n’avais pas remis les pieds depuis longtemps, mais l’attente sur cette fin de lisse se prolonge sans que rien ne se manifeste en surface. Attendre encore ? Et si j’essayais en noyée, dans le courant qui suit ? Cette année je n’ai pas pu pêcher une seule fois comme ça, c’est l’occasion de tenter cette technique. La soie sur ma deuxième bobine ira très bien, la pointe s’immerge sans problème. Par contre, je ne sais pas si j’ai là des mouches pouvant faire l’affaire. Finalement je me retrouve avec un CDC en sauteuse et une nymphe à bille en pointe. Dans le courant vif de tête, je pêche canne haute et prends une petite truite sur la nymphe, puis en descendant ce sont deux tacons qui se succèdent sur la sauteuse. Il vaut mieux changer cette petite mouche, ce n’est pas la peine de faire souffrir ces écervelés : je monte une mouche noyée trouvée dans une boîte de secours, au moins son hameçon de 12 évitera qu’un tacon minuscule n’avale trop loin. Une tirée franche plus en aval m’indique que j’ai bien fait d’essayer cette pêche, hélas le poisson se décroche. Je peigne lentement le courant, je ne sais pas si j’aurai pied longtemps sur ces galets. Je songe, en regardant la soie à la surface de l’eau, à ce qu’est ma vie, un peu comme ce fil chahuté par les courants turbulents, tiraillé dans un sens, entraîné dans l’autre. Lancer, contrôler la dérive : les gestes sont répétitifs mais c’est agréable. Les arbres de la rive ondulent, il faut quitter l’eau des yeux pour garder l’équilibre. Je suis bien sous le ciel laiteux, serein et rêveur. J’ai senti plusieurs tirées déjà, mais cette fois-ci c’est lourd, et c’est accroché ! Le poisson est bien au fond, je l’ai touché tout près de la zone où le courant s’assagit en bordure, mais deux coups de tête que je sens puissants sont le dernier signal qu’il m’envoie : cassé !! Je savais que 14% c’était trop peu pour la noyée ; pourtant il n’a pas cassé au moment de la touche dans le courant… Il ne reste qu’à refaire le bas de ligne, avec un 16% neuf, cela devrait aller, mais est-ce que des occasions comme celle-ci se reproduiront ? Il ne me reste qu’une nymphe à bille, soigneusement nouée et je remets la sauteuse, sans trop savoir pourquoi puisque c’est la pointe qui a eu du succès. Quelques pas en aval et je relance en travers du courant, et là se produit dans mon axe de lancer un gobage rageur, un splash monstrueux ! Ai-je ferré ? Le poisson s’est-il pris tout seul ? En tout cas je me retrouve avec un joli morceau qui tire tout ce qu’il peut dans ce courant assez fort. Il arrive dans la zone plus calme où son copain tout à l’heure a réussi à casser la ligne… Je l’aperçois, c’est un ombre pris sur la sauteuse : c’était bien un gobage sur ma mouche dès le contact de la surface ! Avec mon 16% je suis tranquille et pépère vient sans problème à l’épuisette qu’il remplit largement. Le mètre Ikéa indique 45 cm, cet ombre là, pour quelques centimètres, est le plus gros que j’ai jamais pris ! Des milliers de dérives étudiées, des bas de ligne alambiqués, des fils toujours plus fins et des mouches souvent minuscules, tout cela depuis des années, et un jour, une capture comme celle-là… c’est drôle la pêche.

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