J’y vais ou j’y vais pas ? Telle était l’alternative à laquelle j’étais confronté ce matin, tiraillé entre l’envie de sortir la soie après de trop longs jours loins de l’eau, et la crainte de me retrouver pour la troisième fois de suite face à une rivière impêchable pour cause de lâcher de barrage. Vous vous en doutez, j’ai pas hésité longtemps, j’ai choisi la pêche, et la Vienne comme terrain de jeu. Retour donc sur ma gravière préférée, accessible après deux heures de route, pour me rendre compte au premier regard que ce ne serait encore pas pour aujourd’hui. Malgré une quinzaine sans précipitation significative, le sommet du rocher qui me sert habituellement de repère n’émerge pas: les barrages sont encore à l’oeuvre, et comme dit le dicton connu surtout de moi: « rocher caché, poisson calé ». Une demi-heure d’observation sur une coulée propice ne me permet pas d’entrevoir le moindre soupçon d’activité: pas une mouche et donc pas de gobages. J’entame une petite marche pour me diriger sur un autre secteur au profil très différent, plus plat et moins profond où, miracle, j’aperçois quelques rares éphémères, mais toujours pas de poisson. Il fait bon, la nature est belle, je m’adosse à un chêne et il faut que je fasse un gros travail sur moi-même pour ne pas piquer un somme, je suis pas là pour ça. Un minuscule gobage me met en alerte et, pour éloigner le spectre de la bredouille qui se profile, je m’y colle et au premier passage, un ombret de quinze centimètres se retrouve pendu. Il sera suivi dans la minute par une ablette et ce seront les deux seuls poissons vus et pris de toute la journée: du 100%. Pour finir, j’essaye en nymphe, mais sans succès. La conclusion sera la même que les deux fois précédentes, trop d’eau pour espérer voir des éclosions en cette saison. Je ne sais pas comment c’est les week-ends, j’ai pas eu l’occasion d’y monter depuis longtemps, mais en semaine, difficile de pêcher la Vienne en 2ème catégorie en automne, et cela fait quelques années que cela dure.
