Certains n’aiment pas l’automne, ils y voient la lente agonie de la nature, et un prélude pluvieux et gris à l’hiver. Pour ma part, j’adore ces quelques semaines où sentant le long sommeil de l’hiver la nature se lance dans une dernière ronde flamboyante, nous régalant de fruits et légumes délicieux et parant les arbres de milles feux. C’est aussi la saison des vendanges, du vin nouveau, des premiers froids qui font remonter le col et sortir les cocottes en fonte. Une ballade vivifiante à la recherche de mûres, cèpes, girolles et châtaignes justifie pleinement le soir venu un bon plat en sauce, une riche potée ou un grassouillet cassoulet ! En matière de pêche, les poissons sortent de leur torpeur estivale (quoique cette année…) et si la truite est fermée les carnassiers s’en donnent à cœur joie dans les bancs d’alevins de l’année. Fort de ce constat me voilà sifflotant sur les bords de Saône. Avant d’aller m’acheter du matos carnassier, encore fallait il s’assurer de la pertinence d’une telle acquisition, tant les sous semblent s’enfuir de mes poches tels les feuilles tombant des arbres. Canne de 9,5 pieds, soie de 5, je propulse, (à grand peine avec ce vent du sud !!) de petits streamers. Les perches mènent grand tapage et la partie de pêche est ponctuée de giclées d’alevins affolés. Les petites zébrés se laissent prendre facilement au piège mais avec force cabrioles la plupart ne connaîtront pas de baptême de l’air ! Puis une tape un peu plus marquée et voilà un beau rotengle, aux nageoires magnifiques, qui se prête à une séance photo. Je longe la berge, deux à trois mètres dans l’eau, et sonde méthodiquement les abords des roseraies, les branches immergées. Autour de moi les alevins crevant la surface ont fait place à de beaux gardons sautant comme des mulets, ça sent le brochet !! Je lance dans une trouée entre les roseaux, pour voir ma ligne fuser dès le leurre à l’eau !! C’est lourd !! Mais ça ne durera pas longtemps, la bête s’enroule dans les herbes et se décroche, M…. !! La voilà ma justification !! Il me FAUT du matériel adapté au carnassier. Bon, et bien comme j’ai trouvé au bord de l’eau ce que j’étais parti chercher je peux sereinement quitter cette jolie paresseuse qu’est la Saône, jurant bien sûr qu’il ne coulera que quelques milliers de m cubes avant que je ne la retrouve. Ah si l’automne pouvait durer un peu plus cette année, après tout on y aurait droit, on a pas eu d’été !!
