Pérégrinations en forêt de St-Michel

9 juillet 2011

02 - Aisne

Artoise

cyril02

J’aime pêcher seul, rien de tel pour se ressourcer, pour rester concentré afin de pouvoir traquer les plus beaux poissons. Dans le havre de paix paradisiaque de la forêt de Saint-Michel, où s’écoulent l’Artoise et le Gland, je suis servi, pas un chat à des kilomètres à la ronde. Je commence à pêcher à 10h30, un peu tard peut-être pour ce mois de juillet, mais par chance le ciel est couvert et la température n’est pas excessive. Aujourd’hui je pars pour remonter l’Artoise, de sa confluence avec le Gland jusqu’au Pont Blanc, à mi parcours. C’est ici le royaume du minéral et du végétal, de la symbiose du liquide et du solide, du vivant et de l’inanimé : arêtes d’ardoise saillantes, végétation exubérante, blocs moussus et galets de schiste, fougères et orties. La rivière se perd souvent en de multiples bras sinueux, sortes de dérivations formant de petits îlots arborés, ou de grandes îles aux plages de galets. Souvent, les racines de la ripisylve environnante plongent de plusieurs mètres dans l’eau en suivant le sens du courant, et forment ainsi un chevelu tentaculaire, repère favori des truites locales. Atteindre un gobage dans ces souches relève souvent de la chance… Ainsi, accroupi, assis sur un souche pour observer quelques minutes les gobages éventuels sur ce grand plat avant de l’attaquer, caché derrière un arbre ou une fougère, marchant dans le lit de la rivière le dos courbé, rampant le long de la rive tel un sioux, jurant lorsque le fond glissant me fait battre éperdument des bras pour ne pas finir « à la baille », ou lorsque ma mouche finit pour la deuxième fois dans la même branche, ou lorsque je m’assieds sur ce *@$##* de nid de guêpes, tentant des roulés ou des lancers arbalètes improbables, le temps suspend son vol dans cette ambiance que d’aucun pourraient trouver un peu oppressante, mais qui pour moi se rapproche d’une communion quasi mystique avec la nature environnante. Je regarde l’heure pour la première fois de la journée : 17h ! Hum, je crois que le sandwich prévu pour midi sera plutôt pour le dîner, avant d’aller tenter le coup du soir sur le Gland. Tout à coup, au détour d’un bras de la rivière j’entends des hurlements et une bande d’olibrius accompagnés de quatre PCNIG (Petits Chiens Non Identifies Gueulards) apparaissent de nulle part et s’amusent à jeter de gros pavés dans l’eau… Dommage, le spot avait l’air prometteur. Mais bon la rivière est à tout le monde en un sens, et je me rassérène en me disant que cette solitude halieutique en forêt aurait vite fait de me rendre misanthrope. Et puis,le parcours est si vaste… A vrai dire c’est la première fois que je croise âme qui vive dans cette partie du parcours, pêcheurs compris. Enfin, j’arrive au Pont Blanc, il est 19h00, cette journée est passée comme dans un rêve. Bilan : Malgré une activité de surface des plus réduite, une vingtaine de truites en sèche, dont quatre d’une trentaine de centimètres, de jolis poissons pour cette rivière. Sortant de l’eau pour rejoindre le parking via la route forestière, je vois ma copine la cigogne noire, déjà aperçue deux semaines auparavant, s’envoler effarouchée au loin, le becs et les pattes rouges tranchant sur le vert de la cime des arbres. Une demi-heure de marche plus tard, j’aperçois les premiers signes de la civilisation qui m’indiquent la proximité du parking : sacs poubelles éventrés, canettes de bière, et papiers gras. Je crois que je vais vraiment devenir misanthrope… Il est maintenant l’heure d’avaler vite fait ce foutu sandwich, et d’aller voir un peu ce que racontent les truites sur le Gland… Mais ceci est une autre histoire…

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