Posé sur une Pierre dans le golf du Morbihan a 4 h

11 novembre 2011

56 - Morbihan

Golfe du Morbihan

cloclo

Le hasard fait parfois bien les choses… Et il s’en faut parfois de peu pour réussir ou au contraire passer a coté d’une partie de pêche. La frontière entre succès et échec est parfois mince et toujours incertaine et c’est tout l’intérêt de la pêche. Perdu dans mes pensées, je relance encore une fois dans ce courant si prometteur. Mes lancers deviennent plus surs et plus efficaces malgré l’obscurité. Il faut dire que ça fait maintenant quelques heures que je suis perché sur mon rocher en attente de la tape tant espérée. Le cheminement qui m’a mené vers ce coin perdu du golf du Morbihan est des plus atypique et est un parfait symbole des valeurs communautaires. Un mois avant, un message lancé sur le site (sans grandes illusions tout de même), et me voila à attendre, fébrile, une réponse. Il faut dire que l’équation n’est pas des plus simple… Un cousin se marie fin juillet en bordure du Golfe du Morbihan. L’occasion est trop belle pour tenter de faire une sortie Palm. Une matinée, c’est tout se dont je dispose pour allonger un peu de soie. Les recherches sur Goolgle Earth sont lancées, mais pas vraiment utiles tant les possibilités semblent grandes. Si je n’ai pas de réponse d’un gobeur, je m’arrêterai sur la première plage rencontrée. La solution à mes problèmes et doutes, viendra d’un email reçu de Fabien (Fabien56) qui me conforte dans l’idée que le golf est un superbe terrain de jeu ou les lieux et bars abondent et se propose de me guider sur ses spots. RDV est pris, et c’est tout confiant que je lance les préparatifs du départ. Samedi 30 juillet 16h…. Le mariage commence et cet évènement familial tiendra toutes ses promesses sous un temps magnifique. Messe, Cocktail, Repas et soirée fileront sans fausse note et sous les rires et discussions si caractéristiques des familles qui se retrouvent ou qui apprennent à se connaitre. 4 heures du matin, mon fils et mon épouse dorment tranquillement. Pour moi, ce fut plus compliqué tant l’excitation m’a gagné depuis le début de la soirée. Un dernier coup d’œil au réveil. Il est temps d’y aller. Chargement de la voiture, dernières vérification et je prend la route. Le point de RDV communiqué par Fabien est facilement trouvé et malgré mon avance par rapport à l’horaire fixé (4H30) ce dernier m’attend déjà. Les présentations sont rapidement faites et je sens tout de suite que « ça va le faire ». Quoique j’ai eu un petit doute au début quand, voulant s’assurer de ma sobriété, il m’a braqué sa frontale dans le visage tout en me demandant si j’avais bu….. 🙂 Mes impressions vont très vite se confirmer car la discussion, une fois lancée, ne s’arrêtera plus. On reprend les voitures direction le spot de pêche. Une fois garés, on s’équipe et on se découvre beaucoup de point commun (espèces pêchées, voyage de pêche, philosophie quand aux valeurs de notre sport, même fascination pour ce coin si particulier du golf. Le départ est donné et c’est dans une obscurité presque complète que nous progressons maintenant sur ce petit sentier coté. Je n’ai aucune idée de l’endroit ou nous allons, mais l’ambiance est si irréelle sous ces étoiles que je me laisse porter. Fabien donne le signal du stop et me donne les consignes. Je comprend maintenant le coup de la frontale dans la tronche tant les risques de chutes sont nombreux facilité par les rochers glissants. Je vois d’ailleurs mal qui serait assez fou pour se risquer à cet endroit en d’état d’ébriété. Un pêche dans l’obscurité. Du jamais vu pour moi. C’est presque irréel tant il est dur de trouver ses repères. Je perçois les contours d’une ile devant moi mais ce n’est que quand on allume la frontale qu’on prend réellement conscience du cadre. Les premières tapes pour Fabien qui ramène facilement ses prises. Il s’agit des petits lieux aux couleurs sublimes et à la défense énergique. Il faut dire que ce dernier connait parfaitement son coin et à des facultés pour animer son leurre tout a fait particulières. Je commence à comprendre pourquoi il prend des fishs et pas moi, malgré qu’il m’ait laissé le meilleur coin de pêche. Constatant que ma manière de pécher n’est pas la bonne il va s’évertuer à me montrer la bonne animation ainsi que les bons gestes. Le jour commence à se lever et progressivement je commence à deviner le paysage alentour. C’est grandiose et la brume matinales rend l’atmosphère toute particulière. Toujours pas de tape, mais l’essentiel est bien ailleurs car le silence qui s’est installé entre nous est tellement communicatif… Pas la peine de se parler tant je sens que Fabien attend la tape.. Pas sur sa mouche, mais sur la mienne. Il pêche à coté de moi mais me laisse la priorité sans en dire mot. Le temps passe et je commence à être fatigué. Une nuit sans sommeil à rester sur mon rocher d’un petit mètre carré. Pas facile de ne pas bouger la jambe, les fourmis dans les jambes, voilà mon Koh Lanta 🙂 Soudain une petite tape. Pas grand chose, mais je suis bien décidé à ne pas perdre ce poisson. Fabien regarde la pointe de mon sillon et m’indique que j’ai du perdre ce poisson. Je n’entend rien, je suis déjà dans un autre monde. Pensez, mon premier fish breton à la mouche. Après plus de 20 sorties en Normandie sans touches ni même suivis, je suis sur un nuage. je viens de rembobiner le backing. Encore 27 mètres de soie et je verrai si mon entêtement a payé. 10 mètres, 5 et bientôt 2. A ce moment là, je vois mon fish exploser en surface. Fabien se précipite pour saisir son APN. Je pose mon fish dans mon panier de lancer pour ne pas laisser le fish hors de l’eau. Je vous joins une photo. Je tiens seulement à préciser que la tache orange au bord de la gueule du poison est en fait ma mouche. En effet, ça m’aurait vraiment déranger de condamner mon premier poisson. Photo et on le remet à l’eau. Je suis aux anges. Il n’était pas bien gros, pas bien épais mais tout de même, mon premier poisson marin pris sur les cotes françaises. Je suis sur un nuage, oublié la fatigue, les heures passés à préparer ce trip et pour finalement me faire dire que mes mouches sont belles mais inefficaces 🙂 C’est reparti, le moral est au beau fixe, le jour est presque levé et je reste sous le charme de ce coin paumé, qu’il me serait impossible à retrouver sur une carte. Je stripe encore et encore sous les encouragement de Fabien qui continue à toucher du poisson. En ramenant au bord, un fish saisi ma mouche. C’est beaucoup plus lourd cette fois-ci. Fabien m’indique que ce poisson est beaucoup plus respectable. Un dernier rush et le poisson se décroche. Un peu dépité, je sens que cette action signe la fin de ma pêche. En effet, si j’avais été seul, jamais je n’aurais pu avoir le plaisir de ce combat. J’ai gagné des heures avec Fabien comme guide. J’aime à penser que tout poisson se mérite et que ce n’est qu’au terme d’un apprentissage parfois long que l’on peut prétendre au succès. Ici, on m’a tout pré mâché et j’ai presque l’impression de ne pas mériter pleinement ce fish. Alors je décide de m’arrêter. Pas la peine de continuer. Je suis bien et le paysage est magnifique. Fabien péchera la petite plage bordant les rochers, mais aucune tape ne viendra le remercier de ses efforts. le soleil est maintenant haut dans le ciel, mais quitter ce coin sans remercier au préalable Fabien pour son temps, ses conseils et sa gentillesse me semble impossible. Bien que pressé, on prendra juste le temps d’un petit café / chocolat pour un debriefing au couleur d’exotisme. il est déjà temps de se séparer. Que dire à une personne qui a sacrifié toute une nuit pour vous, qui a mis entre parenthèse sa sortie de pêche pour tenir sa promesse de vous faire prendre au moins un poisson. Franchement sur le moments de la séparation, je n’ai pas trouvé. 4 mois après je réalise la chance que j’ai eu de le rencontrer et de partager un tel moment. Pas grand chose pour certains mais un temps extraordinaire pour un passionné comme moi. Fabien – un grand merci pour ton temps. A charge de revanche si tu passes dans mon coin. Ce poisson que tu m’as fait prendre ne m’as toujours pas quitté. Je rêve parfois de ces moments passés ensemble et de ce poison aux reflets jaunes et cuivrés. Je n’aurais pas pu vivre ces moments sans toi et t’en remercie sincèrement. Merci encore Cloclo

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