Rencontre avec un roi.

28 mai 2010

19 - Corrèze

Dordogne

fly.only

En préambule, je voudrais vous dire que vous n’êtes pas obligés de me croire. L’enchaînement des évènements que je vais vous décrire est tellement improbable que cela rend les faits peu crédibles je le conçois. Peu importe, je ne vous en voudrai pas. Tout commence par un lancer ordinaire, un lancer quelconque. La touche elle aussi est classique pour ce dimanche béni des dieux : une touche franche, une lourdeur comme un accrochage. Il m’a fallu un moment pour réaliser ce qui se passait. Pourtant, lorsqu’il a senti le fer, le poisson a sursauté me laissant voir son flanc ce qui n’est pas habituel chez les grosses truites. De suite, j’ai compris que j’avais à faire à un poisson exceptionnel. Contrairement aux truites, qui même grosses restent sur place pour lutter en force, ce poisson à pris le courant. C’était évident, il voulait revenir sous cet arbre penché à trois mètres de là. D’ailleurs il n’a pas eu de mal à les faire. Trop occupé à gérer mon moulinet et ma soie, je n’ai d’ailleurs pas tenté de l’en dissuadé. Ce n’est que lorsqu’il a été sur le point de passer dessous que j’ai réagit. Avec vigueur, je l’ai stoppé dans son élan et je l’ai fait monter en surface. Il a fait un gros remous et a sauté. C’est là que j’ai compris. Je ne sais plus à qui j’en parlais l’autre jour mais le grand moment venait d’arriver. Le poisson roi, gris – rosé, effilé, sculpté comme sur les aquarelles venait de me saluer. Rarement dans ma vie de pêcheur j’ai éprouvé ce sentiment de côtoyer le point de rupture. Par deux fois, avec un matériel trop léger, j’ai perdu des silures sans pouvoir lutter. Mais contrairement à ces deux cas où je n’avais aucune chance, mon matériel étant trop léger, aujourd’hui, je sentais que mon matériel était limite assez costaud pour sortir ce poisson. Limite est bien le terme car mon moulinet laissait vraiment entendre des drôles de bruits. Comme si la soie était entrain de se déchirer. Plein courant, mon poisson lui faisait rush sur rush. Je contrais tant bien que mal. Puis, on ne change pas une équipe qui gagne, je l’ai engagé dans un mouvement lent mais immuable vers l’eau moins courante et surtout moins profonde du remous qui longeait le vif. J’ai fait appel aux conseils prodigués dans les livres américains sur la pêche au streamer dont je m’abreuve en ce moment : « remember that a fish have to follow his head and that he has no brakes ». Et devant suivre sa tête sans pouvoir freiner, mon poisson s’est retrouvé après 7 ou 8 minutes de combat vaincu dans 20 cm d’eau à peine courante. J’ai pu l’observer. C’est bien le roi des poissons. Les lignes sont pures, la queue a un liseret noir, les flancs bien que brillants commencent à rougir. Il n’est pas monstrueux, j’estime sa taille à 75 cm pas plus. Puis, dans un dernier élan, il s’est mis à tourner sur lui même et a cassé mon fil. Ce soir, je suis vraiment heureux à plus d’un titre. D’une part, j’ai réussi ce que je n’osais espérer même dans mes rêves les plus fous : leurrer un saumon sur la rivière du monde qui m’est la plus chère bien qu’il n’y en ait que quelques dizaines qui la remonte. Oh, cela n’a rien de glorieux et je ne considère pas ça comme un exploit car cela est le cas de quelques pêcheurs tous les ans sur la Dordogne. De plus d’un point de vue technique, prendre une truite de 25 cm est parfois plus compliqué. J’ai juste lancé mon streamer à truite et ramené. C’est vraiment une capture accidentelle dans toute sa splendeur. D’autre part, je suis ravi que ce poisson se soit décroché. J’ai mené un beau combat, je considère ce poisson comme vaincu. Mais je suis très heureux qu’il ai cassé mon fil car je ne le méritais pas. Si je l’ai perdu, c’est que j’ai commis une erreur de débutant qu’un perdreau de l’année n’aurait pas faite. En effet, je venais de relâcher plusieurs truites dont les deux dernières accusait respectivement 26 inches (mesurée par une touriste anglaise qui est allée cherché son mètre dans son camping car. Avec un inch pour 2,54 cm, je vous laisse calculer 😉 ) et un peu plus de 50 cm. Et comme un couillon, je n’avais pas changé ma pointe. Le fil, usé par les combats précédent a cédé sur un coup de tête. Et enfin, je suis content de ne pas avoir pu prendre ce poisson en photo car je suis à une période de ma vie où je ne peux pas prendre le risque de contracter une nouvelle maladie virale. Je souffre déjà gravement du virus de la PALM et de la truffe, si je contracte une saumonite, je suis foutu. Voir ce poisson sur mon écran en 18 millions de pixels aurait été fatal. Je prendrais une autre truite de plus de 50 cm dans les minutes qui suivront avant de m’apercevoir que ma canne était cassée au niveau du scion. Ma soie, pelée lors du combat est à changée car elle me coupe le majeur. Les combats sur ces poissons ne supporte pas la médiocrité. Mais entre une grosse truite et un saumon d’une taille comparable, il n’y a pas photo. Le combat livré par le saumon est incomparablement plus puissant. Incroyable non? Je vous l’avais dit. Mais vous n’êtes pas obligés de me croire. Je mettrais toutefois quelques photos sur mon blog pour vous persuader du contraire. Fred

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