Repérages

23 octobre 2009

46 - Lot

Dordogne

fly.only

On croit toujours que les pêcheurs qui capturent régulièrement des gros poissons sont chanceux : il n’en est rien. Ce sont de longues heures d’observation passées au bord de l’eau qui portent un jour leur fruit… La petite pluie fine fait se presser les gens sur le marché de Sarlat en ce samedi matin. La foule a déserté la cité, le temps gris relève la chaleur du calcaire qui compose les murs et on peut enfin circuler entre les bancs. L’automne est bel et bien installé. C’est vers 11 heures que j’entreprends le voyage vers l’amont. Cazoulès, Souillac, Pinsac, Meyronne, Carennac… Que de souvenirs de pêche, de descentes en bateau avec les amis, de march brown et de ronds du début de saison. Au détour de chaque virage, je navigue sur la Belle. Cela aurait pu être une très belle journée. Oh pas une journée à gros gorets non, il fait bien trop chaud pour cela, mais une journée agréable sans cette vision d’apocalypse au dessus du pont de la Treyne. Des engins de travaux public terminent leur basse besogne. Sous couvert de protection d’une conduite d’eau potable, ils viennent de massacrer un des plus beaux coins du secteur. Il y a peu, la Dordogne formait des îles derrière lesquelles les brochets venait frayer. Dans les multiples bras, il y avait les truites qui chassaient dans les nuées d’ablettes qui animaient les remous. Il reste un canal et une immense plage. C’est propre. Mais regardez ce à quoi ça ressemblait avant : http://fly-only.gobages.net/gallery/2/amontpont.jpg Bref, c’est à gerber. On est plusieurs sur le pont, des amoureux de la rivière à se regarder incrédules. Mais comment ont-ils pu faire ça? Il y a un EPTB qui nous fait de beau discours sur la divagation naturelle du fleuve, il y a une ONEMA qui a du être consultée, un arrêté de biotope… Sonné, je reprends ma progression. J’arrive sur le poste le plus aval où j’ai pris un ombre. Je jette un oeil : ça gobe. Deux lancers premier poisson : une belle vandoise. Plus loin dans le courant, un éclair blanc sous ma mouche reconnaissable entre milles : ils sont là ! Je quitte ce poste sans le fatiguer puis, perché sur ma falaise je scrute une fin de lisse prometteuse. Une bonne trentaine de ronds percent la surface. Un gigantesque banc de blancs fait bouillonner la rivière. Trois ronds plus calmes mais imposants mériterait le détour. Mais le pont est loin et il faudrait traverser la rivière. Plus tard…j’ai repéré. Lorsque j’arrive sur le poste que j’ai projeté d’évaluer, ce sont pas moins de 31 cormorans qui se lèvent simultanément du courant à ombres. Aïe, ça part mal. Je décide de migrer sur le lisse à l’amont, mais à mi chemin, un autre oiseau noir décolle pile poil sur le poste. Bon, demi-tour pour pêcher le courant. Les mouches défilent à bon rythme, j’ai 300 m dans le viseur mais je ne verrai que 5 ou 6 poissons monter. J’en toucherai 3 dont mon premier goret de l’automne. RHAAA, ça fait du bien. Mais ce coin m’apparait comme mutilé. Je n’y reviendrai pas. Et pourtant dès le WE prochain, les pêcheurs se relayeront pour pêcher ce spot réputé. J’entends déjà leur commentaires désabusés de retour à la voiture : « tu as vu les mouches : un vrai tapis roulant. Mais pas un rond ! » Les repérages, ça sert à ça. A choisir son poste lorsque, lors du pic de l’activité cet automne, il faudra être au bon endroit au bon moment, lorsque les gorets monteront pendant un quart d’heure happer les ailes grises. La pluie redouble lorsque je sors de l’épicerie de Beaulieu vers 15 h avec des cochonneries à grignoter. Fini le repérage. Place à la pêche. Direction le club des 10 / 20, un groupe restreint de places qui pêchent entre 10 et 20 m3/s. On a peu eu l’occasion de les pêcher ces derniers temps, il faut en profiter. Fred PS : d’autres photos de carnage bientôt sur mon blog.

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