Me revoilà enfin à ton chevet, Rivière Belle. De longues parures vert tendre t’encadrent. Mais les choses sérieuses se déroulent au-delà des premiers mètres doux, c’est l’éclate de la surface chahutée qui trahit les poissons. Celui-ci est batailleur en diable, sa lutte opiniâtre l’amène dans une trouée d’un vert lumineux, et il se rend au milieu de l’aquarium aux élodées. Mafflu, lippu, je comprends mieux l’entêtement furieux de tout à l’heure… Plus tard, en amont, contre le béton du plus laid des ponts, un autre s’impose dans une veine qu’on pourrait croire réservée à une belle en bronze et noir: c’est l’étendard qui viendra, forcé de quitter le courant qui l’a porté. La truite n’était pas loin, la piqûre la fait s’envoler peu de temps après dans la chaleur poisseuse du crépuscule. Plusieurs sauts, une résistance qui dure,mais au bout du jour, l’évidente liberté retrouvée.