La pluie fine donne à la rivière sa couleur noire des meilleurs jours mais malgré la présence des mouches, la bordure que je remonte est déserte. Vais-je pouvoir tester ma nouvelle canne, essayer mon moulinet et roder ma soie naturelle avant le grand rendez-vous avec les grosses? Les moustiques sans pitié s’acharnent sur mes doigts durant l’attente. Les poissons ne viendront pas. Des lambeaux de ciel déchirent les collines et le grand lisse gonfle par endroit de la montée des ombres. La 10 pieds soie de 6 peine à propulser la DT 2 mais il faut bien la roder. Hypnotisés par les mouches jaunes, les poissons montent comme des balles et prennent sans rechigner. Certains maladroits succombent même après avoir manqué l’imitation lors de la première dérive. Que le ciel est généreux aujourd’hui. Devant l’abondance, je pousserai même le vice à monter sur le lisse du Peyriget où certains poissons ont déjà croisé le fer de mes hameçons et le miracle des ferrages solides recommencera. Il y a des jours où il ne faut pas chercher à comprendre. Malgré un matériel totalement déséquilibré, des mouches qu’ils connaissent par cœur, la magie opère. Ainsi soit-il.