J’aime bien voir un sedge sur mon pare brise, à la lueur d’un lampadaire de bord de route. Il s’est posé sur la manche de ma chemise lorsque je me flinguait les yeux, tout à l’heure, à essayer de distinguer ma mouche parmi les reflets du moulin noir entre chien et loup. C’est si facile de prendre des gros poissons, là bas. C’est pas un coin secret et c’est pas des truites, qu’on prend, mais bon Dieu, que ça fait plaisir de prendre sans se prendre trop la tête de tels poissons ! L’onctuosité des mes lancers concordait avec ma santé mentale au beau fixe de se trouver là, au milieu de mon enfance, parmi les grands cyprins idiots et bourrus. Le soleil se couchait et le feu crépitait déjà sur le plateau, bientôt, on chanterai et on rirai de la vie sous la lune joviale. Allez, vas-t-en, petit sedge, j’ouvre ma fenêtre et aspire l’air qui s’engouffre, à pleins poumons. J’ai été content de partager ce moment avec toi, et avec mon ami Nico, et avec ma rivière dégueulasse. Vive la pêche à la mouche, vive la vie et vive le feu qui nous habite et qui flambe dans cette nuit optimiste.