Après une journée de travail bien remplie (comme tous les jours… j’attendais les médisants !) où alternaient coups de fils de questions ubuesques, venue de retraités et dossiers plus que barbants mais nécessaires, une visite me redonna l’envie d’un trajet vers la rivière. En effet, ce monsieur entama le dialogue sur un possible départ vers la côte basque. Sans crier gare, la Nive et les paysages basques vinrent bientôt à mon esprit. Les veines tumultueuses, le soleil éclairant un court instant les belles posées en bordure, l’air iodé qui laisse un petit goût de sel aux lèvres et la douceur d’un léger vent d’ouest, ça y est, j’y suis ! Nous discutons mais mon esprit est tourné vers l’ailleurs, vers cette rive hospitalière qui m’attend, patiemment. C’est décidé, encore 2 heures à tirer et direction la belle…Marne. Mon interlocuteur s’éclipse et bientôt, le long engrenage des minutes commence. Moins 10, puis 1 heure puis une demie heure, et enfin, 3, 2, 1, il est temps de filer. Tout au long du trajet, la vision des panthères s’entrechoque avec celle des radars (…) ; je suis si loin ! Me voilà à proximité, que choisir : le trou aux ombres ou la nouveauté d’un parcours plus aval ? Après tout, ce n’était pas prévu donc direction l’évasion et la recherche. Je longe le secteur de précédentes rencontres et bientôt apparaissent les veines ô combien porteuses. Je prends mon temps, j’observe. L’endroit est paisible, le soleil tape encore fort mais ces rayons déclinants commencent à recouvrir la surface d’éclats éblouissants. Dur de visualiser quoi que ce soit ! J’attaque à peigner consciencieusement avec la mouche et bientôt, un éclair argent vient la saluer sans pour autant l’engloutir. Serait-il dans sa phase chipoteur ? Eh bien, oui ! J’aurais beau lui mettre des imitations de toutes sortes pour le décider mais rien, seules quelques montées nonchalantes récompenseront mes passages. Il faut trouver ! Si je testais celle-ci, la valeureuse déjà bien amochée par de nombreux combats (pas tant que cela en fait !). La coulée semble bonne, elle arrive à hauteur et…où est-elle ? Je ferre délicatement et je sens une lourdeur entrainer ma ligne vers l’aval. Il y est. Ce satané bestiaux ne m’a fait qu’une légère aspiration, tel un cheucheu non décidé. Le voilà, un dernier sursaut et à l’épuisette. Il accusera 35cm et un bon embonpoint. Certes ce n’est pas énorme mais sa délicatesse vaut bien un de ces goulus aïeux. La soirée s’ensuivra avec une relative réussite mais le bonheur est là, posé sur une rive, à ne plus penser qu’à la pêche. Plus que 15 jours…